Israël a retrouvé son statut d’observateur au sein de l’Union africaine. Ces dernières années, la diplomatie israélienne a mis la pression sur de nombreux pays africains.
C’est une première depuis 2002. Dans un communiqué publié ce jeudi 22 juillet, le ministère israélien des Affaires étrangères indique que « l’ambassadeur d’Israël en Ethiopie, Aleleign Admasu a présenté ses lettres de créance en tant qu’observateur auprès de l’Union africaine ». Une consécration pour la diplomatie de l’Etat hébreu qui, depuis plusieurs années, tentait de retrouver une place de choix au sein de l’institution d’Addis-Abeba. L’objectif de Netanyahu s’est transformé en réalisation concrète sous la houlette de Naftali Bennett, nouveau Premier ministre israélien. Jusqu’en 2002, Israël était membre observateur de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Lors de la dissolution de l’OUA, en juillet 2002, Israël n’avait pas réussi à intégrer la toute nouvelle Union africaine.
En 2017, un sommet Afrique-Israël avait provoqué un tollé
Depuis, l’Etat hébreu multiplie les appels du pied. Et c’est aux alentours de 2016-2017 qu’Israël a été le plus proche de revenir au sein des instances africaines. Pour en arriver à retrouver son poste d’observateur au sein de l’UA, Israël a durement travaillé sa diplomatie avec l’Afrique ces dernières années. Jusqu’à obtenir, de la part du Togo, en 2017, l’organisation d’un sommet Afrique-Israël. Mais cet événement, qui devait avoir lieu en octobre 2017, avait finalement dû être officiellement reporté — officieusement annulé —, sous la pression de plusieurs pays africains peu enclins à discuter avec l’Etat hébreu. L’Algérie, la Mauritanie, le Maroc — qui s’est depuis ravisé —, la Tunisie et l’Afrique du Sud, mais surtout le Nigéria, avaient fait des pieds et des mains pour faire annuler ce sommet. Faure Gnassingbé n’avait pas hésité à se rétracter après avoir promis un accès à l’eldorado africain au Premier ministre israélien. Une erreur stratégique que paie, encore aujourd’hui, le président togolais, après avoir délégué la diplomatie togolaise à Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères à l’origine du rapprochement Togo-Israël et de la tentative d’organisation d’un sommet à Lomé.
Mais un an plus tôt, Israël avait cependant obtenu le soutien de plusieurs autres pays africains. Le Kenya, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Zambie, le Malawi et l’Ethiopie avaient en effet déclaré leur flamme à Netanyahu. Ce dernier, présent en Ouganda pour un mini-sommet régional sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, avait obtenu l’aval de l’Ethiopie, qui lui a promis un statut d’observateur au sein de l’UA. « Israël travaille très dur dans plusieurs pays africains. Il n’y a aucune raison de lui dénier » ce statut, indiquait le Premier ministre éthiopien d’alors, Hailemariam Desalegn. Le chef du gouvernement disait même vouloir « l’engagement d’Israël dans notre système africain ». Les autres pays avaient alors promis de « restaurer Israël en tant qu’Etat observateur auprès de l’Union africaine ».
Les Accords d’Abraham, le déclencheur ?
Il aura tout de même fallu cinq ans pour que cela devienne concret. Pendant ces dernières années, la diplomatie israélienne n’a cessé de rappeler au Kenya, au Rwanda et aux autres leur promesse de 2016. Mais si l’Etat hébreu est aujourd’hui observateur au sein de l’Union africaine, il le doit en grande partie à Aliza Bin-Noun, directrice générale adjointe des affaires africaines au ministère israélien des Affaires Etrangères. La diplomate a réussi à obtenir récemment des soutiens assez inattendus : outre les Américains, Israël a en effet passé des accords avec le Soudan et le Maroc, qui sont devenus les alliés inconditionnels d’Israël au sein de l’UA. Lors de l’annonce de l’obtention de ce statut par Israël, Alon Ushpiz, directeur général au ministère des Affaires étrangères, a souligné qu’il s’agissait d’une « reconnaissance pour le leadership de l’ambassadrice » Aliza Bin-Noun.
Pour le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, « cette réalisation diplomatique est le résultat d’un travail constant du ministère des Affaires étrangères, de sa division africaine et des ambassades israéliennes sur le continent ». Il estime que l’absence d’Israël à l’UA était une « anomalie » et affirme que cette annonce « aidera à renforcer nos activités sur le continent africain et avec les Etats membres de l’organisation ». Le ministère des Affaires étrangères d’Israël rappelle que l’Etat hébreu « entretient des relations avec 46 pays d’Afrique ». Ces dernières années, Israël « a renouvelé ses relations diplomatiques avec le Tchad et la Guinée, et le Soudan, suite à son adhésion aux Accords d’Abraham ». La diplomatie israélienne estime que ce nouveau statut d’observateurs au sein de l’UA permettra de « coopérer, entre autres, dans la lutte contre la Covid-19 et dans la prévention de la propagation du terrorisme sur le continent ».