Comme il l’avait déjà fait en 2016 lors de son élection à la présidentielle béninoise, Patrice Talon a une fois encore promis qu’il ne serait pas candidat dans cinq ans.
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. A ce jeu-là, certains dirigeants africains se surpassent. En avril 2016, alors élu après avoir réuni 65 % des suffrages, Patrice Talon était investi président du Bénin. Il était alors porteur d’espoirs : « Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité », assurait-il. Le nouveau président élu voulait même inscrire, dans les textes, le mandat unique de cinq ans : « Ce sera inscrit dans la Constitution. On va trouver un consensus là-dessus. Ce sera adopté au Bénin », promettait-il.
Une promesse qui devait faire du « roi du coton » un président qui tient ses engagements. « Je rêve que les Béninois me portent en triomphe dans cinq ans », disait-il en 2016. Cinq ans plus tard, Talon n’a pas été porté en triomphe mais a été réélu après avoir soigneusement renié ses déclarations.
« Limiter les mandats, au profit du peuple »
Comme il y a cinq ans, Patrice Talon s’est donc engagé à passer le témoin à la fin de son quinquennat. Trois mois après sa réélection, le président béninois a rencontré, lors de la clôture du deuxième sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie, plusieurs organisations de la société civile africaine, comme Tournons la page. Il leur a promis qu’il ne serait plus là en 2026. « Devant vous, je vais m’engager, vous prendre à témoin pour passer ce relais, le troisième dimanche du mois de mai 2026 à celui qui aura la confiance du peuple béninois », a indiqué Patrice Talon.
Face à la société civile, le président béninois s’est prêté à un drôle de jeu : s’il a nuancé ses propos en disant avoir « l’obligation de ne pas donner de leçons », Talon s’est dit « honoré de défendre sur la terre béninoise cette vertu qu’on attend d’un gouverneur de ne pas se prendre pour Dieu tout-puissant, l’éternel, et d’avoir l’humilité de comprendre qu’un autre peut toujours mieux faire ». Une sortie ironique lorsque l’on sait comment le chef de l’Etat du Bénin a écarté les opposants de sa route, lors de la campagne présidentielle, et comment il est revenu sur ses promesses faites cinq ans plus tôt.
Cette fois, cependant, Patrice Talon aura fort à faire s’il veut revenir sur ses engagements : la constitution béninoise limite en effet le nombre de mandats présidentiels à deux. « Limiter les mandats est, à tous égards, au profit du peuple, plutôt que de laisser les uns et les autres rester éternellement dans la fonction », a affirmé haut et fort Patrice Talon, qui « prône l’alternance » et s’« engage à la défendre ». Lors du sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie, Talon a en revanche totalement occulté les sujets de la réforme constitutionnelle promise et du quinquennat unique.