Déjà reportés à 2024, les scrutins présidentiel et parlementaire soudanais pourraient encore être décalés, tandis que l’accord de paix de Juba patine.
Le 11 avril 2019, après quatre mois de manifestations populaires, le président soudanais Omar el-Bechir était renversé par l’armée et emprisonné. Depuis deux ans maintenant, alors que la transition qui se partage entre les militaires et les civils, les Soudanais attendent de pouvoir voter. Ils devront attendre au moins trois ans. Une enquête d’Africa Intelligence indique que les dirigeants actuels du pays ont effectué « un tour de passe-passe juridique ». Et pour en arriver à un report des élections à 2024, ils ont dû obtenir l’appui de la communauté internationale. Un appui qui n’a pas été gratuit…
Depuis août 2019, le Conseil militaire de transition a laissé la place à un Conseil de souveraineté présidé par Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan. Et là où le Mali est pressé par ses partenaires internationaux, le Soudan semble être tranquille quant à la durée annoncée de la transition. En novembre dernier, les autorités soudanaises approuvaient un amendement constitutionnel permettant la prolongation de la période de transition d’environ quatorze mois, un peu plus d’un mois après un accord de paix historique signé entre le gouvernement de transition et des groupes rebelles.
Cette prolongation signifie le report des élections présidentielles et parlementaires, prévues en décembre 2022, au début de l’année 2024. Pas de quoi chagriner le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a félicité les Soudanais pour l’accord de paix de Juba, sans faire de remarque sur ce report. Depuis, la transition patine : l’union des troupes rebelles dans une unique entité, les Sudanese Armed Forces, prend plus de temps que prévu.
Des signatures qui manquent à l’accord de Juba
Mais en attendant, la paix coûte cher au Conseil de souveraineté soudanais qui cherche des partenaires étrangers. Le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemeti, vice-président de celui-ci, fait traîner les choses et l’organisation d’élections pourrait encore être décalée. Tout d’abord parce que l’accord de Juba ne fait pas encore l’unanimité. Plusieurs groupes rebelles ne l’ont toujours pas signé. Des intervenants, à l’instar d’Abdelaziz al-Hilu, le chef du Sudan People’s Liberation Movement-North (SPLM-N), seraient prêts à le signer à condition de revoir la durée de la période de transition.
Des questions d’ordre politique empêchent cependant l’unanimité concernant l’accord de paix de Juba. Quoi qu’il en soit, s’il venait à être ratifié par d’autres chefs rebelles, le Conseil de souveraineté soudanais pourrait décréter que la durée de la période de transition est remise à zéro. Dans ce cas, il faudrait encore plusieurs mois, voire années, avant que des élections ne soient organisées. La présidentielle et les parlementaires ressemblent désormais à une chimère, dont on ne verra jamais le bout de la queue.