L’ex-président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de la société française d’armement Thales (Thomson CSF), a plaidé non coupable.
L’ancien président sud-africain, Jacob Zuma, est accusé de plusieurs crimes. Notamment des charges de corruption, de fraude, de racket et de blanchiment d’argent, liés à un contrat d’armes en 1998-1999. A cette époque-là, Zuma était encore vice-président. Il fait également l’objet d’une enquête distincte sur fond de corruption pendant qu’il était président. C’est-à-dire entre 2009 et 2018.
Ces charges, aussi, impliquent la société française. Selon le procureur Billy Downer, Zuma aurait accepté 35 000 dollars par an de Thales. En contrepartie, il aurait protégé la société d’une enquête judiciaire en exerçant de la pression sur le parquet. L’enquête en question aurait exposé des délits de concurrence déloyale, de menaces et autres, commis par Thalès.
Un long feuilleton judiciaire
D’après l’ancien avocat de Thalès, les présidents français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy auraient fait pression sur les autorités sud-africaines. Les chefs d’Etat français ont précipité l’abandon des charges sud-africaines pour vice de forme en 2009. Ce n’est qu’à la fin des mandats de Zuma que la procédure judiciaire a été relancée.
L’équipe de défense de Zuma a demandé la récusation du procureur Billy Downer au motif qu’il conspirerait contre son client. Selon les avocats, le procureur travaillerait pour « des agences de renseignement étrangères ». Le parquet a demandé du temps pour répondre. Le président de la Chambre a donc reporté l’audience pour le 19 juillet.
L’Autorité Nationale des Poursuites judiciaires (NPA) a initialement déposé les accusations contre Zuma en 2009. Toutefois, la NPA a dû suspendre les charges pour l’élection présidentielle, que Zuma a remportée. Suite à un lobbying et aux pressions des partis de l’opposition, la NPA a rétabli les charges en 2018. A peine un mois après que le parti au pouvoir, le Congrès national Africain (ANC), ait ordonné à Zuma de démissionner. Afin d’éviter la destitution, Jacob Zuma a abdiqué, il a aussi démissionné de la présidence le 14 février 2018.
La Françafrique et ses chefs d’Etat
Au moment où les crimes étaient commis, Thales s’appelait encore Thomson-CSF. La société a déclaré ne pas avoir connaissance des transgressions dont elle était accusée. Son représentant au tribunal a également plaidé non coupable des accusations de corruption et de blanchiment d’argent.
La société d’armement Thales était proche de l’ex-président français Sarkozy et son prédécesseur Jacques Chirac. Au centre de l’affaire, un ancien avocat de Thales, Ajay Sooklal. Ce dernier aurait été le correspondant entre le pouvoir français et les autorités judiciaires sud-africaines. Aussi, il aurait, préalablement, distribué les pots-de-vin de Thales aux responsables politiques sud-africains.
Selon Sooklal, les deux présidents français auraient aussi, personnellement, essayé de convaincre Zuma de faire retirer les charges contre Thales. Christian Lamoureux, un responsable de Thales, a souvent accompagné Sarkozy, durant son mandat, lors de ses rencontres officielles avec des responsables sud-africains. Lamoureux était le PDG de la filiale commune entre Thomson-CSF et Thales et Bombardier lorsque les évènements ont débuté. Il a ensuite été rétrogradé à la tête de trois bureaux continentaux successifs. Depuis 2015, il représente un conglomérat, IPT, réunissant immobilier, construction et transport, situé entre les Etats-Unis, la France et plusieurs pays africains.