L’extradition par les autorités capverdiennes d’Alex Saab aux Etats-Unis a provoqué un tsunami sur les réseaux sociaux. Twitter a suspendu 1 500 comptes soutenant l’homme d’affaires libano-colombien.
L’affaire Alex Saab, l’homme d’affaire d’origine libanaise et actif dans plusieurs pays sud-américains, notamment au Venezuela, a passionné les internautes africains. Ceux du Kenya et du Nigeria plus particulièrement. En effet, beaucoup d’activistes africains ont défendu Alex Saab sur les réseaux sociaux et, pour certains, dans la rue. L’homme d’affaires, recherché par Interpol, avait été arrêté en juin 2020 alors qu’il faisait une escale au Cap-Vert.
Malgré une opposition de la Cedeao concernant l’extradition d’Alex Saab, le Cap-Vert a tout de même accepté d’envoyer le prévenu, mi-mars, vers les Etats-Unis. Le petit archipel africain aurait, selon les médias sud-américains, cédé trop facilement à la pression américaine.
La détention de l’homme d’affaires au Cap-Vert est contraire, selon les spécialistes, au droit international et à la Charte africaine des droits de l’homme, alors qu’Alex Saab est accusé de blanchiment d’argent en Floride, aux Etats-Unis.
L’extradition de Saab a d’ailleurs posé un gros problème juridique aux autorités capverdiennes. Les avocats de l’homme d’affaires ont soutenu devant la justice qu’aucun mandat d’arrêt international n’avait été émis à son encontre en Afrique, affirmant que le gouvernement capverdien l’avait détenu pour « l’offrir en cadeau aux Américains ». Ils ont aussi soulevé un point important : aucun traité d’extradition n’existe entre les Etats-Unis et le Cap-Vert, qui n’a pas mis en avant sa souveraineté dans cette affaire.
Par ailleurs, les avocats de Saab ont par la suite publié un document de la Cedeao, montrant que même la communication de la notice rouge d’Interpol n’était parvenues aux autorités du Cap-Vert que le lendemain de son arrestation.
Twitter censure à la demande des Anglo-Saxons
Néanmoins, la Cour d’Appel de Barlavento, au Cap-Vert, a accédé à la demande d’extradition américaine en janvier, et la Cour Suprême capverdienne l’a appliquée le 16 mars, outrepassant la procédure et les échéances, et établissant un record mondial en matière d’extradition intercontinentale.
La réaction sur les réseaux sociaux a été impressionnante : au Nigéria et au Kenya, où Tonto Dikeh, Pamilerin Adegoke et de nombreux autres influenceurs et activistes ont lancé le hashtag #FreeAlexSaab, l’homme d’affaires a été soutenu par tout un continent.
Mais cette opération spontanée n’a pas été du goût de la société américaine de médias BuzzFeed et de la petite start-up britannique Digital Africa Research Lab (DARL), qui ont publié un rapport le 29 mars accusant tous les influenceurs et les comptes soutenant Alex Saab utilisant le hashtag #FreeAlexSaab sur Twitter d’être des trolls payés.
Il a fallu quelques jours à peine pour que Twitter, le 8 avril, suspende 1 500 comptes exclusivement africains sur son réseau, dont certains n’avaient même pas tweeté ou retweeté avec le hashtag en question.
Selon BuzzFeed, la campagne était rémunérée par des personnes influentes pour promouvoir le président vénézuélien Nicolás Maduro et mettre en exergue l’affaire Alex Saab sur les réseaux sociaux.
Après Facebook, qui avait supprimé des comptes gérés depuis la France et la Russie pour « désinformation en Afrique » ou encore les pages d’une entreprise tunisienne travaillant pour des Etats africains, c’est au tour de Twitter de répondre favorablement aux demandes des Américains et des Britanniques, spécialistes de la censure sur les réseaux sociaux.