Le Parlement gambien vient de refuser l’abrogation d’une loi qui interdit l’usage de produits éclaircissant. Depuis plusieurs années, l’OMS tente d’alerter sur la dangerosité de ces cosmétiques dépigmentants.
Les produits éclaircissants pour la peau sont omniprésents en Afrique. L’OMS tente d’alerter sur leur dangerosité, tandis que plusieurs pays réfléchissent à une limitation de la consommation de ces cosmétiques dépigmentants. Pour l’Organisation mondiale de la santé, c’est le mercure qui pose problème. « Le mercure est un ingrédient dangereux mais souvent présent dans les crèmes et savons destinés à éclaircir la peau », déplore l’organisation qui dénonce « les standards de beauté mis en avant par les médias, les publicités et le marketing » qui « renforcent le préjugé selon lequel une peau claire est préférable à une peau foncée ».
Le marketing a plutôt bien fonctionné. Le marché des produits de blanchissement de la peau est en effet en pleine expansion. Il « connaît l’une des plus fortes croissances au monde dans l’industrie cosmétique, et devrait peser près de 31,2 milliards de dollars d’ici 2024 », résume l’OMS. Selon différentes estimations, en Afrique, entre 25 et 77 % des femmes utiliseraient ces crèmes et cosmétiques selon les pays.
Si l’Organisation mondiale de la santé tente de prévenir des risques qu’encourent les utilisatrices — mais aussi les utilisateurs — de ces cosmétiques, les Etats ont également pris le problème à bras le corps. En novembre 2018, le gouvernement rwandais s’est attaqué aux produits de dépigmentation. Sans les nommer, le pays a décidé de durcir sa loi qui indique que « les produits cosmétiques doivent être exempts de substances toxiques, répondre aux normes de qualité en vigueur dans le pays et être préparés conformément aux principes de bonnes pratiques de préparation applicables ».
La Gambie refuse de réautoriser les cosmétiques blanchissants
D’autres pays ont suivi, parmi lesquels le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou encore la Gambie. Sans véritable succès, notamment à cause de la vente à la sauvette. Surtout, un arsenal répressif ou encore une alerte sur les dangers de ces produits ne suffisent pas. La faute à une communication hyper bien huilée de la part des producteurs de cosmétiques. Mais aussi à l’absence de contrôle de publicité en Afrique. Les différents gouvernements, face à l’intérêt porté par les populations à ces produits, ont tendance à fermer les yeux. De plus, les consommateurs, bien qu’alertés des dangers de ces cosmétiques, continuent à se mettre en danger.
Un pays a récemment refusé d’abroger une loi de 1996, qui interdit l’usage de produits éclaircissants : la Gambie. Les élus ont tenu tête au gouvernement gambien. La loi du pays prévoit des amendes pour les contrevenants. « Les utilisatrices, pour la plupart peu éduquées et mal informées sur les effets néfastes de la dépigmentation, cherchent en utilisant ces produits à se conformer à des modèles de beauté délétères, notamment pour accroître leur valeur sur le marché matrimonial », explique Nacima Ourahmoune, consultante en marketing et sociologie de la consommation à la Kedge Business School, sur le site The Conversation.