Protestant contre les mesures sanitaires imposées par le gouvernement, des Gabonais tapent, chaque soir, dans des casseroles. Un mouvement qui devient peu à peu politisé.
Tout est parti d’un appel sur les réseaux sociaux. Le collectif « Les citoyens libres » a lancé une idée pour le moins bruyante : les soirs, à 20 heures, les Gabonais sont invités à taper sur des casseroles. A l’origine du mouvement, l’objectif de protester contre les mesures gouvernementales prises pour riposter au coronavirus.
Mais depuis plusieurs jours, on parle de « révolution des casseroles ». Car de simple contestation contre les mesures sanitaires, le mouvement est devenu politique. Après des débuts plutôt calmes, les bruits des casseroles se sont amplifiés. De quoi énerver le régime en place qui a décidé de sévir.
George Mpaga, qui dirige une coalition d’ONG, déplore la riposte policière qui aurait fait plusieurs morts. Une « répression aveugle et sanglante », selon Alexandre Barro Chambrier, ancien ministre devenu fer de lance de l’opposition.
Heurts entre manifestants et policiers
Des barricades ont poussé dans les rues et les manifestants ne cessent de dénoncer les mesures du gouvernement : un couvre-feu dès 18 heures, la fermeture obligatoire des magasins en milieu d’après-midi ou encore l’obligation pour certains employés de se payer des tests Covid-19 à des prix d’or… Le peuple gabonais a l’impression d’être pris en otage.
Mais si à Libreville, des échauffourées entre manifestants et police ont eu lieu, faisant plusieurs morts, c’est aussi parce que le mouvement est plus global : les militants estiment ne plus être gouvernés correctement depuis l’hospitalisation du président de la République, ils réclament des changements. Tous craignent que l’économie ne s’écroule.
Il n’en fallait pas moins pour faire réagir le palais. Le porte-parole de la présidence de la République, Jessye Ella Ekogha, estime que des manifestants tentent « de récupérer et d’instrumentaliser ce mouvement en le politisant alors qu’il s’agit d’un mouvement apolitique ». Et le porte-parole de défendre la police, en estimant que les jeunes Gabonais ont été « poussés à la faute, à violer le couvre-feu, à commettre des dégâts, à piller, à s’en prendre aux forces de l’ordre dont beaucoup, à cette occasion, ont été blessées »
Sous couvert d’autoriser le mouvement des casseroles, le Gabon reste critique : « Le mouvement des casseroles est la volonté pour une partie de la population d’exprimer démocratiquement une critique vis-à-vis des mesures prises par le gouvernement. On l’accepte totalement », admet le porte-parole de la présidence, qui continue à tenter de contenir la grogne. Car s’il se poursuit, ce mouvement pourrait rapidement devenir, comme l’espèrent certains manifestants, le début d’une « révolution des casseroles ».