La chasse récréative aux gros gibiers sur le continent africain est souvent synonyme de scandale. Il n’est pas rare d’entendre parler d’un énième touriste, ou braconnier, ou les deux, qui a mis fin à une espèce animale protégée, ou dans une moindre mesure abattu un animal rare, en toute impunité. Souvent, les photos accompagnant une telle nouvelle exhibent un homme déguisé en Crocodile Dundee, souriant, assis sur la carcasse d’un rhinocéros ou d’un fauve.
1-Un chasseur sachant chasser :
Si on en croit les fédérations de chasseurs, l’argument des écologistes ne serait que propagande prosélytiste. Selon Peter Lindsey, un biologiste de conservation et auteur d’un sondage sur la chasse aux trophées en Afrique : « Sans la chasse, beaucoup de ces zones seraient converties en pâturages pour le bétail, et il y aurait une perte rapide de la faune » .
Il est vrai que lorsque la pratique de la chasse est saine, dans les règles de l’art, elle a le potentiel de générer beaucoup d’argent et des postes d’emploi pour les habitants locaux, les encourageant à défendre les réserves de chasse du braconnage. Selon le professeur Lindsey, les chasseurs fédérés seraient prêts à pratiquer leur passe-temps favori même dans une région politiquement instable, avec tous les risques que cela comporte, afin que l’argent qu’ils proposent soit utilisé à aider la population locale à subvenir à leurs besoins de base.
2-L’économie de la chasse :
Certains gouvernements africains arrivent à harmoniser la chasse avec l’écologie. Les safari-chasse au Botswana, au Kenya ou en Afrique du Sud sont précautionneusement surveillés par leurs Etats respectifs. En Tanzanie, l’industrie de la chasse contribue directement avec 0,2% au PIB et presque le triple indirectement, via le tourisme .
En 2014, le gouvernement botswano a interdit la chasse commerciale, juste pour l’autoriser de nouveau lorsque le nombre d’éléphants dans le pays était devenu incontrôlable.
Cependant, travailler dans la chasse touristique sert parfois de couverture aux braconniers, qui font des génocides au sein de la faune locale. Avant que l’information atteigne les autorités, ou que ces dernières réagissent, les dégâts sont irréversibles. C’est ce qui est arrivé, à titre d’exemple, aux rhinocéros noirs au Cameroun entre 2009 et 2011.
3-Un moindre mal :
Aujourd’hui, la chasse aux trophées est considérée par certains écologistes comme un moindre mal, car la perte de compétitivité économique de la chasse pourrait inciter certains politiciens à exploiter les terres où elle est pratiquée pour des activités plus nocives à l’écosystème. Certaines organisations dont la vocation inclut la protection de la faune se retrouvent donc entre le marteau et l’enclume. Avec la pandémie du coronavirus (COVID-19), le braconnage présente une baisse spectaculaire au Kenya, 7 éléphants ont été chassés illégalement au Kenya, contre 36 en 2019. Au Botswana, par contre, le braconnage a atteint les rhinocéros, qui vivent dans des réserves touristiques désormais vides de sécurité ou de visiteurs.