Le président de la Cedeao, récemment élu président du Nigeria, a été accusé de trafic de drogue et de détournements de fonds. Des affaires qui n’ont jamais été élucidées.
Ce n’est certainement pas un hasard si on le surnomme « le parrain » de Lagos. Avant de devenir président du Nigeria, Bola Tinubu a été un homme d’affaires qui a fait fortune en faisant des affaires dont lui seul connaît les rouages. Pendant la campagne présidentielle, toutes les « casseroles » de Tinubu sont sorties dans la presse. Et la liste est longue… Parmi les accusations ayant visé le dirigeant politique, l’une l’accusant de mentir sur son âge ou encore une autre l’accusant d’avoir obtenu de faux diplômes universitaires.
Mais les accusations les plus graves ont concerné la fortune de Bola Tinubu, dont on ne connaît ni le montant ni l’origine. Une chose est pourtant sûre : le nouveau président nigérian est l’un des hommes les plus riches du pays. Il détient en effet des parts dans plusieurs entreprises, dans les secteurs des médias, de l’aviation, du tourisme ou encore de l’immobilier. Lors de la campagne, le candidat de l’APC, le parti au pouvoir, a été accusé d’avoir fait fortune dans le trafic de drogue.
Une allégation qui revient régulièrement depuis quelques jours, après que le président nigérian, devenu président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a menacé les militaires nigériens de recourir à la force, après leur coup d’État. The Grayzone, le média du journaliste Max Blumenthal, a révélé, documents à l’appui, que Tinubu avait été désigné complice d’une vaste opération de trafic de drogue aux États-Unis. Tinubu aurait, selon le journal, blanchi des millions de dollars pour le compte d’un trafiquant d’héroïne.
Les justices américaine et britannique s’intéressent à Tinubu
Véritable information ou fake-news destinée à décrédibiliser le patron de la Cedeao ? Une chose est certaine, la justice américaine l’a bel et bien, dans les années 1980, accusé d’avoir participé à un trafic d’héroïne en faisant transiter deux millions de dollars sur ses comptes. Si Tinubu a toujours vigoureusement démenti être impliqué dans ce trafic, il a pourtant passé un accord avec la justice américaine, comme l’indiquent deux jugements, que l’AFP a pu authentifier, datant de 1993.
L’accord conclu entre les États-Unis et Bola Tinubu avait amené le fisc américain à ponctionner 460 000 dollars à celui qui n’était alors qu’un homme d’affaires. Une façon de mettre fin aux poursuites, sans que l’on sache réellement la vérité. Pourtant, un rapport de la justice américaine indiquait qu’« il y a des raisons de croire que les fonds de certains comptes bancaires contrôlés par Bola Tinubu sont issus d’un trafic de drogue ». Un trafic orchestré, notamment, par deux Nigérians : Abiodun Olasuyi Agbele et Adegboyega Mueez Akande, dont la justice américaine affirme qu’il est le cousin de Tinubu. Après avoir affirmé travailler avec Akande, Tinubu avait changé sa version des faits et affirmé n’avoir aucune relation commerciale avec le trafiquant.
Outre ces accusations de complicité, Tinubu a également été accusé de détournements de fonds alors qu’il était gouverneur de Lagos. Avec deux confrères gouverneurs, il avait créé une société, African Development Fund Incorporation, qui avait très vite éveillé les soupçons de la justice britannique qui, en 2009, avait lancé une enquête contre Tinubu. Le « parrain » de Lagos avait également été accusé d’avoir détourné plusieurs millions de dollars de fonds publics, avec la société Alpha Beta Consulting, qui récoltait les fonds destinés aux impôts.
Comme pour les accusations de trafic de drogue, jamais la culpabilité de Bola Tinubu n’a été démontrée. L’an dernier, Tinubu avait passé un accord avec la justice nigériane. Un règlement à l’amiable dont les détails n’ont jamais été divulgués.