Plusieurs nations africaines de football ont provoqué l’étonnement en ne se qualifiant pas pour la CAN 2021. C’est le cas du Togo, de la République démocratique du Congo ou encore de l’Afrique du Sud.
C’est aussi la beauté du football. Lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021, plusieurs équipes modestes ont réussi à obtenir leur billet pour le Cameroun. C’est le cas des Comores, du Soudan ou encore du Cap-Vert. Lors de la dernière journée des éliminatoires, la Guinée-Bissau, l’Ethiopie et la Mauritanie ont également réussi à se qualifier in extremis, créant pour certaines sélections la surprise.
Mais au-delà de la liste des 23 qualifiés — en attendant le match entre le Bénin et la Sierra Leone, reporté pour cause de cas de Covid-19 —, c’est l’hécatombe de nations phares du football qui a marqué les esprits. A l’Afrique du Sud, absente surprise de la prochaine CAN, viennent s’ajouter les sélections de la République démocratique du Congo, de l’Angola, du Congo-Brazaville, du Togo ou encore du Kenya, de la Zambie et de Madagascar, qui n’ont pas réussi à valider leur ticket pour la CAN 2021.
Des éliminations qui s’expliquent avant tout sur le terrain : les favoris ont trouvé face à eux des équipes motivées et parfois surprenantes. A l’image d’un Soudan qui a réussi à mettre par deux fois le ballon au fond des filets des « Bafana Bafana » dimanche dernier. Mais pour certaines sélections, c’est avant tout la gestion du football au niveau des fédérations nationales qui a provoqué des déroutes.
On parle souvent de la gestion catastrophique du foot en RDC, mais ce n’est pas mieux à Brazzaville, qui n’ira pas non plus à la CAN…
— Romain Molina (@Romain_Molina) March 30, 2021
Les Léopards de la République démocratique du Congo ne diront pas le contraire : en amont du Championnat d’Afrique des nations de football (CHAN), un peu plus tôt dans l’année, les joueurs avaient vu leur stage de préparation être annulé par la Fédération congolaise de football association (FECOFA), la faute à un report du CHAN et au coronavirus. Ce n’est qu’une semaine avant le début de la compétition que la FECOFA a fini par organiser un stage, là où le Maroc avait réussi à organiser des entraînement en novembre et le Mali trois semaines avant le CHAN. L’élimination de la RDC de la prochaine CAN est un véritable échec pour la FECOFA. Si bien que son président, Constant Omari Selemani, a décidé de ne pas briguer sa propre succession en décembre prochain.
La valse des sélectionneurs
Avant son départ de la fédération, Constant Omari Selemani aurait décidé de limoger Christian Nsengi et son staff. Il lui faudrait alors trouver un autre sélectionneur qui serait en charge de conduire la République démocratique du Congo vers la Coupe du monde au Qatar, en 2022. Chez les Eperviers du Togo, c’est le sélectionneur français Claude Le Roy qui a été renvoyé. Quelques jours auparavant, l’entraîneur avait eu le soutien du ministre de la Sécurité, Yark Damehane, qui affirmait que « Claude Leroy a quand même fait ses preuves. Il a qualifié et a même gagné la Coupe d’Afrique des nations ». Molefi Ntseki n’est plus, non plus, le manager des « Bafana Bafana ». D’autres nations devraient également suivre le même chemin et se séparer de leurs sélectionneurs respectifs.
Du côté des spécialistes du football, difficile d’expliquer les débâcles de ces équipes autrefois performantes. Le Togo connaît le pire classement FIFA de son histoire et avait déjà échoué à se qualifier pour la CAN 2019. Selon des sources proches de la Fédération togolaise de football, bien que contesté, Claude Le Roy n’a jamais été inquiété pour ses derniers résultats médiocres, bénéficiant du soutien inconditionnel du président de la République et de l’homme d’affaires français Vincent Bolloré. La sortie du ministre de la Sécurité avant son limogeage montre qu’il a été envisagé de garder Le Roy en poste malgré ses échecs répétés.
Sportivement, les sélectionneurs nationaux ont du mal à composer des équipes performantes. Au Togo une nouvelle fois, des joueurs déploraient les conditions de travail de la part d’une fédération qui semble ne pas avoir grand-chose à faire de ses joueurs. Pour Claude Le Roy, il fallait composer sans une direction technique nationale efficace, mais aussi avec un frein dans la détection de talents togolais dans les différents championnats internationaux. Avec un joueur nîmois comme star de son équipe, le Togo n’a pu compter que sur des joueurs évoluant dans le championnat national ou encore en Arabie saoudite. Insuffisant pour pouvoir espérer titiller les sélections plus performantes.
Problèmes financiers et joueurs démotivés
Et puis, il y a les problèmes financiers récurrents. Au Togo notamment. Un journaliste de Lomé déplorait dans la presse, en 2016, que « les problèmes des précédentes équipes de la fédération tournent autour de l’argent ». Un audit de la FIFA avait permis de démontrer des transactions étonnantes dans les comptes de la Fédération togolaise de football. En RDC, c’est un problème financier qui aurait durci les conditions de vie des joueurs se rendant au Gabon : la presse locale parle d’un problème d’argent non décaissé par l’Etat à moins de 24 heures du match décisif pour la qualification. Que les Congolais ont perdu. « Le problème du football congolais, c’est le manque des moyens », déplorait l’an dernier l’ex-joueur de deuxième division française Raymond Lokuli.
Enfin, dernier problème des sélections nationales africaines : les joueurs. Certains d’entre eux jouent les divas, comme Pierre-Emerick Aubameyang qui, lors des matches de qualification pour la CAN 2019, avait refusé de continuer à jouer avec sa sélection à cause de l’avion mis à disposition des joueurs gabonais, pas assez classe pour des sportifs professionnels. Problèmes financiers obligent, de nombreuses primes ne sont également pas versées par les fédérations aux joueurs, dont certains cadres hésitent à rejoindre leurs sélections respectives, préférant les compétitions nationales… et les salaires qui vont avec. Des problèmes de primes qui ont une incidence sur le jeu. Le gouvernement de Sierra Leone a par exemple promis une prime de 20 000 dollars à ses joueurs s’ils se qualifiaient pour la CAN 2021. Contre le Bénin, nul doute que les Sierra-Léonais seront ultra motivés.