Les pourparlers entre le pouvoir tchadien et l’opposition, qui ont débuté au Qatar, ont été suspendus ce dimanche. Le groupe rebelle FACT a mis en exergue certains déséquilibres entourant ce « pré-dialogue ».
« Cette gestion instinctive et collective du massacre dilue la responsabilité », disait le romancier Jean Teulé. A l’ouverture du « pré-dialogue » tchadien entre pouvoir et opposition, ce dimanche 13 mars à Doha, poco x3 pro prix tunisie le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), groupe rebelle accusé notamment du meurtre de l’ancien président Idriss Déby Itno, vient de claquer la porte des pourparlers.
Un coup de théâtre qui met fin à dix mois de préparation, pour mettre autour d’une même table — ou plutôt de plusieurs tables — les représentants de 59 groupes rebelles et politico-militaires de l’opposition tchadienne.
Mais ce que demande le FACT, c’est surtout de clarifier le rôle du Qatar dans ces pourparlers. Il ne fait pas de doute que, depuis la marginalisation de l’un des auteurs majeurs de ce « dialogue de paix », l’ex-président du Tchad Goukouni Weddeye, il y a un vide.
Et le Qatar n’est pas étranger à cette mise à l’écart. Selon Jeune Afrique, l’élimination de Weddeye de son rôle de médiateur est une initiative du diplomate du Qatar, Moutlaq Al Qahtani, et du ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene.
Pouvoir et opposition s’entendent… pour ne pas s’entendre
Le FACT a donc exigé que « le Qatar confirme sa position de médiateur. Si ce n’est pas le cas, nous ne pouvons pas retourner et nous retrouver autour de la table avec le gouvernement tchadien, face à face, sans médiateur ».
Le groupe rebelle déplore, également, le nombre disproportionné de groupes rebelles présents autour de la table. Il estime le nombre de groupes politico-militaires — 59 — trop important par rapport à la réalité du terrain. Une stratégie qui permettra au pouvoir de « diluer la voix des principaux groupes armés dans la négociation », selon le FACT.
Ainsi donc, le gouvernement tchadien et les autorités qataries ont décidé de reporter le « pré-dialogue » de 72 heures. Une commission de dix personnes devrait « présenter une proposition en harmonisant les positions » des uns et des autres.
Cependant, il faut rappeler que la réussite de ce « pré-dialogue » est une condition pour la tenue du dialogue national prévu le 10 mai prochain, qui vise à préparer les élections. Le dirigeant militaire tchadien, Mahamat Déby, fils d’Idriss Déby, s’était engagé à tenir les premières élections avant la fin de l’année. Le cas échéant, il devra renouveler la durée de la transition de 18 mois supplémentaires, de quoi, sans doute, contrarier la « communauté internationale ».
Echec en vue ?
Préalablement au début de cette rencontre de Doha, Mahamat Déby a opéré une amnistie générale pour les prisonniers de guerre et les opposants. Toutefois, peu de membres du FACT ont été concernés par cet état de grâce.
Des discussions avec les leaders rebelles d’autres groupes ont aussi eu lieu. Notamment, les frères Erdimi, chefs des groupes RFC et UFR. Ces derniers ont été retirés du « pré-dialogue » à la dernière minute, après la fuite d’un enregistrement – non authentifié – dans lequel on entend Timan Erdimi discuter du renversement de la junte tchadienne avec l’aide de la République centrafricaine, de l’Algérie et de Moscou.
L’élimination de Goukouni Weddeye de la gestion des pourparlers a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les autorités tchadiennes ne pouvant pas être juge et partie, et le FACT – interlocuteur principal –, n’étant pas satisfait, la réussite du « pré-dialogue » ne tient plus qu’à un fil.
Le Tchad n’a connu que la guerre
C’est également la platitude des interventions, à l’ouverture des pourparlers ce dimanche, qui a excédé les participants. S’imposant en chef, le Premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké a démarré la session en déclarant : « La paix exige plus de courage et de maturité que la guerre. Le vrai courage ne consiste pas à brandir son arme mais à avoir le courage de la déposer ».
Puis le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a déclaré que « la situation au Tchad est très grave, et nous devons parvenir à créer l’entente au bénéfice de la paix ». Ce fut ensuite au tour de la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, de considérer que « le processus de la paix sera crucial pour améliorer la stabilité de la région et aider à lutter contre le terrorisme au Sahel ».
Des déclarations paternalistes de la part de ces responsables politiques, qui ont irrité. Mahamat Déby est arrivé au pouvoir par le biais d’un coup d’Etat militaire. Avant lui, son père a mené les forces rebelles en 1990 au pouvoir. C’est surtout l’intervention de l’armée française en 2008, puis en 2019, qui l’a maintenu à la tête du pays. Il sera donc difficile de convaincre les groupes rebelles tchadiens d’œuvrer pour la paix, dans un pays qui n’a connu, jusqu’à aujourd’hui, que la guerre.