L’Algérie, à la tête d’une délégation de sept pays africains, a lancé un « front du refus » et demande à l’UA de revenir sur sa décision de donner à Israël un statut d’observateur au sein de l’instance.
L’Algérie sera le premier pays à s’opposer officiellement au statut d’observateur d’Israël au sein de l’Union africaine (UA), obtenu après une décision unilatérale du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, le 22 juillet dernier. L’Algérie a déjà exprimé son étonnement quant à cette décision. Le 25 juillet, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, avait publié un communiqué dans lequel il remettait en cause la décision de l’UA. Il avait d’ailleurs rappelé que l’obtention par Israël du statut d’observateur avait été « décidé sans consultation ».
Lire : Comment Israël a obtenu un poste d’observateur à l’Union africaine
D’autres pays africains ont emboité le pas à l’Algérie : l’Afrique du Sud le même jour, ainsi que le Botswana le 1er août. On retrouve également, au sein de ce « front du refus », l’Egypte, la Tunisie, Djibouti, les Comores, la Libye et la Mauritanie, qui ont tous apporté leur soutien à la « note verbale » adressée au président de la commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Toutefois, la diplomatie algérienne a laissé entendre que, pour cette action officielle en faveur d’une annulation de la décision de Mahamat, plusieurs autres pays subsahariens se joindront à elle : outre l’Afrique du Sud, Alger compte sur le Sénégal, Maurice, la Tanzanie, l’Erythrée, le Niger, le Nigéria, le Gabon, le Zimbabwe, le Libéria et les Seychelles. L’Ethiopie et la Somalie pourraient également s’ajouter à la liste.
Avec Ramtane Lamamra, la diplomatie algérienne tente donc de rallier à sa cause les pays encore hésitants. Certes, l’UA ne reviendra peut-être pas sur sa décision, mais Alger veut amplifier la contestation anti-Israël. L’Algérie a par ailleurs obtenu le soutien, dans sa démarche, des ambassadeurs de la Jordanie, du Qatar, du Koweït, du Yemen et de la délégation de la Ligue arabe à Addis-Abeba.
Lire : Afrique-Israël, une alliance contre-nature ?
Dans cette note, les pays concernés affirment souhaiter « aviser la Commission de (leur) opposition à la décision sensible de son président d’ordre politique, à savoir l’octroi du statut d’observateur auprès de l’UA à Israël ». Avant de rappeler que « les décisions de l’UA, depuis longtemps claires, ont exprimé sa position constante en faveur de la cause palestinienne, et en défaveur de toute forme de pratiques israéliennes à l’encontre du peuple palestinien frère, et contraire même à l’intérêt suprême, aux valeurs, idéaux et décisions de l’organisation panafricaine ». La note rappelle également que la décision de l’UA est contraire « aux principes et objectifs cités dans l’acte constitutif de l’Union ».
Un « front du refus » élargi en octobre ?
Les diplomates algériens ont dû accélérer leurs actions diplomatiques pour trouver un maximum de pays partenaires en vue des discutions, en séance, sur ce dossier. Reste à savoir si le ministre algérien des Affaires étrangères réussira à rallier à sa cause certains Etats entretenant des relations bilatérales avec l’Etat hébreu. Face à une Algérie déterminée à plaider sa cause, Moussa Faki Mahamat semble dans l’impasse : outre sa posture en Afrique, le président de la Commission de l’UA aura aussi d’autres intérêts à considérer, comme sa propre relation avec les pays arabes, et surtout le Qatar, dont il est proche. Même en son propre pays, la situation semble complexe pour Faki Mahamat, qui pourrait être mis sous pression par le Tchad, de plus en plus proche du Qatar.
Loin des principes idéologiques, Alger compte miser sur la façon dont a été prise la décision d’offrir à Israël un siège d’observateur à l’UA. La note relève en effet « un vice de procédure et un dépassement inacceptable de la part du président de la Commission et de son pouvoir discrétionnaire ». Ramtane Lamamra et les diplomates algériens en Afrique ont encore jusqu’au mois d’octobre, date de la réunion du Conseil exécutif des ministres des Affaires étrangères des pays de l’UA, pour faire grandir son « front du refus ». S’il parvient à rallier l’Ethiopie et la Tanzanie, deux pays très influents en Afrique de l’Est, ce sera déjà une première victoire pour l’Algérie.