Philippe Simo fait partie de cette frange de la diaspora africaine qui a développé une importante communauté autour de lui. Enfance au Cameroun, études en France et investisseur sur le continent, il développe l’idée d’un développement économique de l’Afrique par les Africains. Mais dans les faits, la réalité est différente.
Il y a près de quatre ans, Philippe Simo lançait « Investir au pays ». Avec plus de 500 000 abonnés, sa chaîne YouTube attire de nombreux Africains résidant à l’étranger. L’entrepreneur camerounais dit vouloir « contribuer au développement du continent africain » et, pour y parvenir il veut « accompagner la diaspora africaine dans l’entreprenariat et l’investissement ». Une arrivée dans le monde du business qui a pris du temps. Avant de vouloir donner du « pouvoir des entrepreneurs », c’est dans les cercles chrétiens que Simo a tenté de percer. Il s’est ainsi imposé comme pasteur, sans succès. Quelques années plus tard, le Camerounais quittait ses fonctions dans quelques entreprises françaises – dont Areva –, et se lançait dans les affaires en tant que promoteur immobilier. En lançant « Investir au pays », il affichait une volonté d’initier un mouvement économique des Africains en direction de l’Afrique. Mais déjà, une première incohérence apparaît : c’est en France que les statuts de son entreprise sont déposés.
Des formations VIP à 1 500 euros
Surtout, alors qu’il distille ses conseils à la diaspora pour engranger de l’argent, Philippe Simo semble en total décalage. Car notre homme est domicilié dans un habitat à loyer modéré (HLM) à Villeneuve-Saint-Georges, l’une des villes les plus pauvres d’Île-de-France. Or, pour résider en HLM, il est impératif de fournir des preuves de la faiblesse de ses revenus. Pour les détracteurs de Philippe Simo, ce dernier n’a pas les revenus qu’il prétend avoir ou bénéficie de contacts suffisants pour être logé dans des conditions avantageuses.
Mais c’est son business qui interroge rapidement. Simo propose des formations à prix d’or. Il propose, pendant celles-ci, d’enseigner à ses « étudiants » comment investir, et plus spécifiquement en Afrique. Dans un article du journal Le Monde, il affirme qu’en investissant dans la production de poulets, il est capable d’obtenir un profit de 30 % en… quarante-cinq jours. Une promesse quasi impossible à tenir. Mais l’homme persiste : l’élevage de poulet, dit-il, est « l’un des business les plus rentables que l’on puisse lancer en Afrique avec un faible budget ». Son credo : investir en Afrique coûte peu et rapporte beaucoup pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’imposer en France.
Pour ce faire, Philippe Simo raconte « les réalités de l’Afrique », mais également « les arnaques » que « beaucoup qui sont nés en France (…) ignorent ». Simo, lui, est effectivement né à Douala. Mais dès son plus jeune âge, il part faire ses études d’Ingénieur à Troyes, en France. Dès le lancement de ses conférences, Simo est considéré, comme l’indique Le Monde, comme « un beau parleur ». Mais le Camerounais sait surtout où se trouve l’argent : la diaspora a des moyens et lui vendre une formation peut rapporter gros. Avec des formations entre 400 et 1 500 euros, l’entrepreneur engrange les bénéfices : en deux ans, il affirmait avoir eu 4 000 clients. Parmi eux, à peine un quart se sont lancés dans un projet en Afrique.
Des sociétés basées en France
S’il est décrié, Philippe Simo sait cependant vendre une chose : le rêve de fortune. Un simple mirage, à en croire les témoignages de certains de ses anciens clients, qui ont dû mettre la main à la poche pour une formation loin d’être satisfaisante. Mais le Camerounais sait communiquer. Et il cache son absence de diplômes dans l’immobilier, l’entrepreneuriat ou l’investissement grâce à une communication bien huilée. Surtout, derrière son discours de façade, de vouloir investir vraiment en Afrique, c’est la déception. Simo possède sept entreprises dont les statuts sont tous… en France, et dont la plupart des activités semblent laisser à penser qu’il s’agit de coquilles vides.
Des témoignages d’anciens salariés montrent que seule la vente de formation intéresse Philippe Simo. Une ancienne collaboratrice indique avoir été recrutée pour coacher certaines de ses formations, sans avoir d’expérience dans le domaine. Elle décrit « un homme avide d’argent et désintéressé des valeurs humaines ». Elle décrit les coulisses du business de Simo : il enjoint ses salariés à proposer des formations les plus chères possibles. Avec, pour les vendeurs, des commissions dérisoires, atteignant… 80 euros. Laissant ainsi un bénéfice colossal à l’influenceur.