Au Sénégal, une organisation professionnelle porte plainte contre TikTok. Elle veut avoir des réponses de la part du réseau social chinois concernant le stockage des données des utilisateurs sénégalais.
C’est une plainte qui pourrait bien coûter cher à TikTok. Même si ce dernier est peu scrupuleux des législations nationales, le Rassemblement des entreprises du secteur des technologies de l’information et de la communication (Restic) espère faire plier le réseau social. Le Restic a en effet décidé d’attaquer TikTok, en déposant plainte conte le propriétaire de TikTok, BytDance.
Objectif : contester le stockage des données personnelles collectées par le réseau social dans des serveurs étrangers. Ce qui, selon le Restic, contrevient à la législation sénégalaise sur les données personnelles, en particulier en ce qui concerne les enfants et les mineurs.
Le Restic, dans un communiqué, « se plaint du stockage de contenus d’autrui dans des serveurs situés hors du territoire sénégalais, des données qui peuvent être utilisées à d’autres fins, notamment aux fins d’espionnage ». On sait à quel point les sociétés chinoises, comme Huawei, sont spécialistes des pratiques d’espionnage sur le continent.
Un contenu peu adapté au Sénégal et à l’Afrique
Avec cette plainte, le Restic espère pouvoir contraindre TikTok à adapter ses contenus et ses algorithmes aux législations sénégalaises sur les enfants et les mineurs, mais également à protéger des données personnelles des citoyens sénégalais.
Une plainte qui arrive au moment où TikTok commence à devenir incontournable au Sénégal. Interrogé par RFI, Moustapha Diakhaté, secrétaire général exécutif du Restic, rappelle que « TikTok s’est développé sur un segment démographique bien particulier composé surtout d’enfants et d’adolescents. Vous savez que la moyenne d’âge au Sénégal tourne autour de 18-19 ans. TikTok intéresse des enfants, des adolescents et des jeunes entre 16 et 17 ans, jusqu’à 23-24 ans. Et nous pensons que souvent ces jeunes n’ont pas la maturité pour faire face à certains contenus auxquels ils sont exposés ».
Pour le Restic, les contenus problématiques sont ceux qui sont violents, à caractère sexuel ou obscènes. Voire, tout simplement « bannis par nos us et coutumes, ici au Sénégal et en Afrique ».
Quant aux données, le Restic veut savoir où elles se trouvent, comment elles sont conservées et stockées. Une démarche qui touche TikTok, donc, mais qui pourrait bien être élargie : « Nous voudrions que les réseaux sociaux en général et TikTok en particulier puissent s’ouvrir à nous, aux autorités officielles de ce pays, pour au moins clarifier ces mécanismes de stockage des données sur les enfants et les adolescents qui ouvrent des comptes dans ces réseaux. Et voir dans quelles conditions ces données sont préservées afin qu’elles ne puissent pas faire l’objet d’une utilisation autre à laquelle elles sont initialement destinées ».