Le gouvernement d’Ousmane Sonko aurait menti en accusant Macky Sall, l’ex-président du Sénégal, d’avoir falsifié les indicateurs économiques. Même la Cour des comptes semble ne pas assumer…
Le Premier ministre Ousmane Sonko, qui a toujours fait campagne sur son intégrité, a-t-il manipulé un rapport de la Cour des comptes pour accuser, sans preuves, Macky Sall, l’ancien président sénégalais ? Oui, à en croire un document que révèle la presse internationale. Tout part d’une accusation : en février dernier, un rapport sur la situation des finances publiques du Sénégal réalisé par la Cour des comptes fustigeait Macky Sall et contestait, entre autres, les chiffres officiels concernant la dette et le déficit budgétaire entre 2019 et 2024. Le rapport, relayé par la presse internationale, indiquait que la situation des finances publiques était « catastrophique ». Mais en réalité, les accusations pourraient avoir été construites de toutes pièces.
Dans un courrier daté de décembre dernier, le président de la Chambre des affaires administratives de la Cour des comptes, Mamadou Thiao, estime que « l’exhaustivité, l’exactitude et la pertinence des informations » contenues dans le rapport peuvent être remises en cause, et que les auditeurs de la Cour des comptes ont utilisé des méthodes contestables. À l’origine, le rapport sert le Premier ministre Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye, qui accusent le précédent régime de « corruption généralisée ». Mais Ousmane Sonko oublie de préciser que Mamadou Faye, président de la Cour des comptes, a prévenu que « la vérification de la fiabilité des données contenues dans le rapport d’audit produit par le gouvernement » n’a pas été faite. Faye estime, peut-on lire dans un document interne, que « les auditeurs ne sont pas en mesure de se déterminer sur l’existence ou non d’un surplus de financement, aussi bien en 2022, qu’en 2023 ».
Le parti de Macky Sall s’étonne des confusions du rapport
L’Alliance pour la République (APR) de Macky Sall avait déjà déploré « une confusion entre la dette contractée par l’État » et la dette du secteur parapublic. L’APR parlait même d’un rapport tronqué alors qu’une version plus exacte circulait également. Le Premier ministre Ousmane Sonko savait-il cela au moment de présenter son rapport ? « Certainement, affirme un spécialiste de l’économie au Sénégal. La preuve, c’est que le rapport final n’a même pas été amendé par le premier président de la Cour des comptes ». D’autre part, la chambre des affaires budgétaires et financières (CABF) a dépassé ses prérogatives en auditant les finances publiques, alors qu’elle ne pouvait que se concentrer sur un contrôle de la qualité de l’audit des finances publiques.
On comprend mieux l’empressement de Sonko de présenter un rapport accusatoire contre Macky Sall. Alors que le Premier ministre sénégalais a tardé à commencer son travail de diplomatie internationale, qu’il éprouve plusieurs difficultés dans le dossier casamançais et alors que le gouvernement est critiqué pour avoir passé un contrat d’armement à plus de 300 millions d’euros avec une société turque, la campagne contre l’ancien président du Sénégal permet, à Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, de détourner l’attention des Sénégalais. Mais pour combien de temps ? Si le Premier ministre a affirmé que son président était « intègre et juste », les révélations concernant la méthode utilisée pour la publication du rapport de la Cour des comptes montre l’inverse…