Lors d’un point presse, Aminata Touré a annoncé qu’elle quittait la majorité et lançait son propre mouvement politique. Elle a surtout lâché Macky Sall, à qui elle adresse de nombreux reproches.
Choisie pour être tête de liste nationale de la majorité pour les élections législatives de juillet dernier, Aminata Touré signait son retour dans le giron du président Macky Sall après une première rupture qui avait suivi son départ du Conseil économique, social et environnemental en 2019. Mais 5 000 kilomètres parcourus et 21 jours plus tard, le constat est sans appel : la rupture entre le président de la République et son ancienne Première ministre est définitivement consommée.
Ce 25 septembre, « Mimi » Touré a organisé un point presse pour « expliquer ce qui s’est passé » pendant les législatives. « Et je ne reviendrai plus sur la question », a prévenu Amina Touré qui assure qu’un « accord préalable » avait été trouvé entre elle et Macky Sall. L’ex-Première ministre devait en effet prendre la présidence de l’Assemblée nationale. En échange, elle avait promis de « coordonner le parrainage qui a duré des semaines et ensuite faire le tour du pays pour la campagne des législatives ».
Je partage avec vous, le discours de mon point de presse de ce Dimanche 25 Septembre 2022 à #Dakar
#kebetu #Senegal #Afrique #Politique pic.twitter.com/419fYDRtgc— Aminata TOURE (@aminatatoureklk) September 25, 2022
Or, le 12 septembre, « à exactement 9h26, le président Macky Sall m’a appelé pour me dire qu’il a finalement changé d’avis, exactement 17 minutes avant l’arrivée de ses émissaires à l’Assemblée nationale venus annoncer le nom de son candidat », indique Aminata Touré, qui ironise : « Heureusement que j’ai le cœur solidement accroché ».
« 3e mandat impossible juridiquement, impossible moralement »
Lasse de ces « aléas de la vie politique », et rappelant qu’elle a souhaité « participer à faire avancer son pays », Aminata Touré a profité de ce point presse pour annoncer le lancement de sa propre formation, le Mouvement pour l’intégrité, le mérite et l’indépendance (Mimi). Mais, précise Aminata Touré, cette rupture avec Macky Sall « n’est pas une histoire de poste encore moins de privilège ». Car, ajoute-t-elle, le président lui aurait fait d’autres « propositions de poste ».
Aminata Touré promet de faire de la politique autrement, certainement déçue par cette campagne législative. « Je considère qu’il est plus que temps qu’on remette de l’éthique dans la politique. La politique ce n’est pas la ruse, l’abus de confiance et la préférence familiale, explique-t-elle. La politique peut et même doit s’accompagner de valeurs humaines, d’éthique et surtout de respect de la parole donnée et par dessus tout du respect de nos lois et règlements ».
De quoi lâcher à Macky Sall son coup de grâce : cela permet à Aminata Touré « de faire la transition sur la question centrale qui, au fond, est à l’origine de tout ceci : la question du troisième mandat impossible, impossible juridiquement, impossible moralement », annonce l’ex-ministre. « Comment alors aurais-je pu me regarder dans la glace ? Comment aurais-je pu regarder mes enfants dans les yeux ? Comment aurais-je pu regarder les sénégalais dans les yeux ? », demande-t-elle, au moment d’évoquer un soutien à un troisième mandat.
Macky Sall a perdu un soutien de taille, mais aussi une députée à l’Assemblée. Ce qui a pour conséquence de mettre à mal sa majorité absolue déjà très fragile. Car Aminata affirme se libérer « du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar pour devenir député non-inscrit ».