De nombreuses banques occidentales, particulièrement françaises et britanniques, se désengagent d’Afrique. Pour quelles raisons ?
Le mobile money a-t-il eu raison des banques ? Avec un taux de bancarisation estimé à près de 16 % en 2021 — contre 5,7 % dix ans auparavant —, l’Afrique devait être un véritable défi pour les banques occidentales, particulièrement les banques françaises et britanniques, qui se sont installées sur tout le continent ces dernières décennies.
Mais ces derniers temps, les banques françaises, par exemple, n’ont pas eu bonne presse : en octobre, elles ont été accusé par l’ONG Oxfam de jouer « un rôle central » dans l’endettement de nombreux Etats africains « qui recourent aujourd’hui majoritairement à l’emprunt pour financer leur développement faute de ressources propres et de financements publics ».
Des concurrents panafricains
Plus récemment, ce sont les départ des enseignes — françaises et britanniques en particulier — qui ont fait parler. Et pour cause : la Britannique Barclays, par exemple, a annoncé qu’elle quitterait le continent africain, un siècle après s’y être installée. Quant aux Français Crédit Agricole et PNB Paribas, ils ont affirmé vouloir se désengager du continent. Sans oublier Standard Chartered Bank ou Crédit Suisse, qui ne désirent plus investir en Afrique.
On est loin d’il y a dix ans. En 2014, Les Echos assuraient que « les banques françaises misent sur leurs activités de financement d’entreprises en Afrique pour nourrir la croissance de leurs revenus ». L’objectif était alors de profiter de l’émergence des classes moyennes sur le continent.
Pourquoi, en 2022, les banques ont-elles décidé de changer leur fusil d’épaule ? Le mobile money est évidemment l’une des raisons de ces départs en chaîne. Les clients, en passant notamment par les opérateurs téléphoniques, ont réussi à trouver une parade aux banques, qui n’ont pas franchement bonne réputation.
Des recentrages stratégiques
Mais les banques européennes préfèrent affirmer qu’elles ont changé de stratégie. Après plusieurs années passées à attendre l’émergence d’une classe moyenne, force est de constater que cette dernière a du mal à arriver. Les enseignes, notamment françaises, ne peuvent plus patienter et préfèrent se concentrer sur les marchés européens et américains, mais également asiatiques.
Et puis, la géopolitique n’est pas étrangère à ces désengagements soudains. De nouveaux partenaires — russes, turcs, chinois ou intra-africains — ont investi les marchés de la banque un peu partout sur le continent, laissant moins de marge de manœuvre aux opérateurs historiques. Le groupe marocain Attijariwafa bank, par exemple, est omniprésent en Afrique subsaharienne. La BGFI ou Ecobank ont également le vent en poupe. Le sentiment antifrançais n’est pas étranger au désintérêt des clients pour les banques de l’Hexagone.
Enfin, les modèles économiques ne sont pas forcément rentables. Notamment parce que les banques occidentales sont bien souvent obligées de s’associer avec des partenaires locaux. Nombreux sont les pays africains à imposer des actionnaires aux groupes bancaires internationaux.