Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et de Guinée se sont réunis aujourd’hui. Ils veulent notamment s’allier pour se faire entendre auprès des organisations régionales.
Ce jeudi à Ouagadougou, au Burkina Faso, la rencontre est un petit événement. Si les ministres des Affaires étrangères des différents pays africains ont l’habitude de se réunir, souvent sous l’égide des organisations sous-régionales ou de l’Union africaine, la réunion entre les chefs des diplomaties burkinabè, malienne et guinéenne ressemble à une rencontre entre pays mis à l’écart.
Ces trois pays ont en commun d’avoir subi des coups d’État ces dernières années. Mais également d’avoir tenté de tenir tête à la Cedeao et aux autres organisations qui les menaçaient de sanctions — qui ont été la plupart du temps appliquées. Enfin, de Bamako à Ouagadougou, en passant par Conakry, la tentation russe à succédé aux partenariats avec la France.
Sous l’égide du gouvernement burkinabè, les trois ministres des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, Morissanda Kouyaté et Olivia Rouamba, ont voulu se réunir pour discuter de l’avenir de leurs pays. Une rencontre qui, hasard ou non du calendrier, a eu lieu deux jours à peine après la visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au Mali. Ce dernier a, entre autres choses, promis son aide « à la région sahélo-saharienne et même aux pays riverains du Golfe de Guinée ».
Des intérêts convergents ?
La Russie a déjà bien entamé son nouveau partenariat avec le Mali. La preuve : Wagner a effectivement pris place dans ce pays, au grand dam de l’Occident. Du côté du Burkina Faso, c’est plus flou : le Premier ministre burkinabè s’est rendu à Moscou et le Ghana a accusé Wagner d’être déjà présent chez son voisin.
Morissanda Kouyaté a, avant une quelconque déclaration commune, vendu la mèche quant au message qui serait envoyé. « Ensemble, nous allons faire une déclaration vers les organisations régionales, pour qu’on puisse entendre encore de façon plus audible les réclamations et requêtes de nos peuples à travers nos gouvernements et nos leaders ». Autrement dit, la Guinée, le Burkina et le Mali veulent lancer une organisation officieuse des pays africains non alignés, et s’unir pour être plus forts face aux instances sous-régionales.
Trois pays qui ont en commun d’avoir des relations compliquées avec l’Occident : le Mali avait exhorté les soldats de Barkhane à quitter le pays. Plus récemment, c’est le Burkina Faso qui a lancé un ultimatum à la France. Trois pays qui veulent, enfin, multiplier leurs partenariats et avoir des relations gagnant-gagnant avec leurs partenaires. « Nous voulons vraiment scruter d’autres horizons », a simplement expliqué le capitaine Traoré, ces derniers jours. Le président burkinabè a laissé entendre qu’il irait acquérir du matériel militaire russe dans les prochains mois.