Après son soutien à la cause palestinienne, l’Afrique du Sud vient de dire au Maroc qu’elle se rangeait derrière la République arabe sahraouie (RASD), « sans état d’âme ».
En termes de diplomatie internationale, l’Afrique du Sud se laisse rarement dicter la ligne à suivre. Lors du scrutin à l’ONU concernant une résolution qui dénonçait la Russie en Ukraine, Pretoria avait préféré s’abstenir de voter. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait alors estimé que la guerre entre la Russie et l’Ukraine « aurait pu être évitée si l’OTAN avait tenu compte des avertissements lancés par ses propres dirigeants et responsables au fil des ans », et avait indiqué que « les pays les plus puissants ont tendance à utiliser leur position de membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour servir leurs intérêts nationaux plutôt que les intérêts de la paix et de la stabilité mondiales ».
Une sortie courageuse. Qui symbolise à elle seule l’originalité de la diplomatie sud-africaine. Car sur de nombreux sujets, Pretoria garde le cap… Et ce malgré, parfois, les tentatives internationale de rallier l’Afrique du Sud derrière des causes que Pretoria ne soutient pas.
De la cause palestinienne à la cause sahraouie
Depuis la fin de l’apartheid en Afrique du Sud, Pretoria se positionne comme l’un des fers de lance de la défense de la cause palestinienne. Le gouvernement sud-africain n’a que rarement fait fausse route sur ce sujet. À chaque fois que Tel-Aviv s’en est violemment pris à des Palestiniens, ou presque, Pretoria a réagi. D’ailleurs, en avril 2019, la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Lindiwe Sisulu, avait annoncé vouloir abaisser le niveau de représentation diplomatique entre l’Afrique du Sud et Israël, alors que 52 Palestiniens avaient trouvé la mort alors qu’ils manifestaient contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. On sait également à quel point le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) s’active depuis l’Afrique du Sud.
Habituée à prendre position pour les populations opprimées, l’Afrique du Sud était très attendue sur le dossier du Sahara occidental. Le Maroc tente en effet d’obtenir, de la part de ses partenaires étrangers, un soutien clair en faveur du plan d’autonomie prôné par le royaume. Or, du côté de Pretoria, pas question de répondre favorablement à la demande du roi. Les autorités sud-africaines viennent en effet d’accueillir Brahim Ghali, chef du Front Polisario. Une décision forte, d’autant que Ghali a été reçu comme les autres présidents.
Alors que Rabat était entré dans une brouille diplomatique avec Tunis pour un épisode similaire, l’Afrique du Sud a semblé agir en toute connaissance de cause. Le président Cyril Ramaphosa a d’ailleurs tenu à mettre les choses au clair en rappelant que l’Afrique du Sud soutient « sans état d’âme » la République arabe sahraouie (RASD). Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, affirme que l’Afrique du Sud se trouve « du mauvais côté de l’Histoire ». Force est cependant de constater que Pretoria, lorsqu’il s’agit de symboles diplomatiques, tergiverse rarement avec ses principes.