Après son procès, Ousmane Sonko risque une quinzaine d’années de prison et une inéligibilité. Le verdict sera connu le 1er juin. Comment l’opposant prépare-t-il son avenir ?
Le 1er juin prochain, Ousmane Sonko devra-t-il faire une croix sur la présidentielle de 2024 ? Le délibéré de son procès pour viols est en effet attendu dans une semaine, après une dernière audience qui a duré jusque tard dans la soirée, ce mardi. Il aura fallu attendre 3 heures du matin pour que le procureur prononce sa réquisition : 10 ans de prison ont été requis, pour les accusations de viols, ainsi que 5 ans supplémentaires pour « corruption de la jeunesse ».
L’audience d’hier était très attendue. D’un côté, la masseuse qui accuse Sonko de viols, Adji Sarr, a maintenu sa version des faits. De l’autre, les avocats d’Ousmane Sonko qui ont tout fait pour prouver l’innocence de leur client avant de jeter l’éponge et de quitter la salle, ainsi que la gérante du salon de massage, Ndeye Khady Ndiaye, qui contredit les propos de son ex-employée.
Mais la question était également de savoir si Ousmane Sonko serait ou non présent pour se défendre. L’opposant avait affirmé être entré en « désobéissance civile » contre la justice de son pays et avait assuré ne plus vouloir se déplacer dans les tribunaux. Il avait finalement hésité et assuré qu’il participerait au procès si l’État lui garantissait sa sécurité. A priori, l’opposant et l’État sénégalais ne sont pas tombés d’accord.
Ce qui a donné du grain à moudre aux avocats de la plaignante, qui estiment que Sonko tente de « fuir la justice » sénégalaise. Ils déplorent le fait que « Sonko lui-même disait qu’il était pressé d’aller au jugement » et s’étonnent qu’il ait désormais « peur » de répondre de ses actes présumés.
Préparer l’après-verdict
Et le moins que l’on puisse dire est que, en l’absence de l’opposant, ce dernier est bien parti pour être condamné. « Le réquisitoire laisse une porte ouverte à une possible condamnation : même si Ousmane Sonko est acquitté pour les accusations de viols, il pourra être condamné pour des faits de corruption de la jeunesse ». Et, forcément, du côté du clan Sonko, on prend cela pour une tentative de se débarrasser de l’opposant.
Désormais, Sonko attend le 1er juin. Mais il ne se fait guère d’illusions : il sait qu’il sera très certainement condamné et, par conséquent, frappé inéligibilité. Que fera-t-il ? Sonko n’est pas du genre à se rendre pour purger une peine qu’il contestera. Actuellement à Ziguinchor, il semble se préparer à une opération résistance.
En attendant, il joue encore avec le droit, assurant ne pas avoir reçu de convocation dans les règles. « Ousmane Sonko n’a pas refusé de comparaitre, Ousmane Sonko a demandé à ce que ses droits soient respectés, notamment qu’il soit convoqué régulièrement, conformément à la loi, ce qui n’a pas été fait », estime sa défense. Une façon de préparer l’après-verdict. Sonko et ses avocats pourront alors contester le fond tout autant que la forme d’une éventuelle peine. Une façon également de préparer un discours qui affirmera, une nouvelle fois, que l’opposant a été la cible d’un complot politique.
La campagne pour l’élection de 2024 s’annonce mouvementée. D’autant que, même en prison, Ousmane Sonko fera tout pour mobiliser ses militants.