La Chine aurait imposé des conditions illégales à l’Ouganda, au moment de prêter des fonds pour l’agrandissement de l’aéroport d’Entebbe.
C’est un dossier qui fait beaucoup parler. En novembre dernier, la presse ougandaise assurait que la Chine avait fait main basse sur l’aéroport d’Entebbe, après un défaut de paiement de la dette ougandaise auprès de la Banque d’exportation et d’importation de Chine (Exim Bank). Une rumeur que le président Museveni avait démentie, affirmant ne « pas avoir hypothéqué l’aéroport à qui que ce soit ».
Si le ministre ougandais des Finances, Matia Kasaija, avait, à l’époque, présenté ses excuses au Parlement pour « la mauvaise gestion du prêt de l’agrandissement de l’aéroport d’Entebbe », l’affaire est revenue au centre de l’actualité. Un centre de recherche américain, AidData, a en effet étudié le contrat qui lie les Chinois à l’Ouganda, sur ce dossier de l’aéroport. Et les conclusions sont terribles.
Selon le centre, la Chine aurait en réalité imposé des clauses léonines au contrat d’agrandissement de l’aéroport d’Entebbe. Selon France 24, l’Ouganda a été obligée, à cause de ce contrat, de « placer la totalité des revenus de l’infrastructure dans un compte séquestre ».
Que s’est-il vraiment passé ? En 2015, l’Exim Bank avait prêté 200 millions de dollars, en vue d’un agrandissement de l’aéroport international. Objectif : moderniser les installations. Mais le contrat aurait été écrit de telle façon que l’Ouganda doit désormais déposer toutes ses recettes liées aux activités aéroportuaires dans un compte conjoint entre lui-même et la banque chinoise. Et l’Etat doit rembourser entièrement le prêt avant de dépenser quelque somme que ce soit pour son aéroport.
Une mauvaise nouvelle pour les finances publiques
Une aberration légale, selon AidData, qui estime qu’« il s’agit des clauses les plus léonines que nous ayons jamais vues». En imposant de telles contraintes, la Chine a tout simplement touché à la souveraineté budgétaire de l’Etat ougandais.
Si la banque chinoise d’investissement pouvait imposer des clauses pour toucher une partie des bénéfices liés à l’agrandissement de l’aéroport — ce pourquoi elle a accepté de faire un prêt —, le contrat englobe en réalité les bénéfices de toutes les activités aéroportuaires.
Conséquence : alors que l’aéroport était autrefois bénéficiaire — 60 millions d’euros de recettes annuelles, selon France 24 —, il ne permet plus à l’Ouganda de réaliser des bénéfices tant que la dette chinoise n’est pas remboursée.
Avec de telles pratiques, la Chine handicape tout un pays. Car les recettes liées aux activités aéroportuaires étaient dédiées au financement des services publics, assure AidData. Des révélations qui montrent donc que l’aéroport d’Entebbe n’est pas directement tombé dans les mains de la Chine. Mais qui prouvent que la Chine a piégé l’Etat ougandais, qui va certainement se pencher désormais sur la légalité du contrat chinois.