Alors que les élections générales nigérianes vont avoir lieu dans quelques jours, l’ONG Human Rights Watch demande que le pouvoir protège la liberté d’expression et fasse en sorte d’éviter les violences.
Le 25 février prochain, les Nigérians sont invités à glisser le nom de leur futur président dans les urnes. Muhammadu Buhari a effectué deux mandats et ne sera donc pas candidat. Mais si le Nigeria a un président sortant qui respecte la Constitution, les risques de violences pré et post-électorales existent bel et bien. Dans un communiqué de presse, Human Rights Watch s’inquiète.
« L’incapacité des autorités nigérianes à faire rendre des comptes pour les abus liés aux élections passées, ainsi que l’insécurité généralisée dans tout le pays, menacent le bon déroulement des prochaines élections générales de 2023 », indique ainsi l’ONG dans un communiqué en anglais.
Au-delà de la présidentielle, c’est l’organisation des élections générales qui est remise en cause par HRW. En effet, les électeurs nigérians éliront également les membres de l’Assemblée nationale fédérale, puis deux semaines plus tard les gouverneurs et législateurs des États.
Que reproche HRW au pouvoir ? « Un épais voile de violence jette de l’ombre sur les élections de 2023, et porte atteinte au droit fondamental de vote des Nigérians », résume Anietie Ewang, chercheuse sur le Nigeria à Human Rights Watch, qui demande que « les autorités rétablissent rapidement la confiance des citoyens dans leur capacité à exiger des comptes des personnes responsables de violences électorales, et à assurer la sûreté et la sécurité de tous les Nigérians ». Autrement dit, sans un cadre judiciaire strict, les élections doivent être reportées.
Ce qui, en pratique, semble difficile à réaliser. L’ONG reproche notamment « les abus commis par les forces de sécurité et d’autres acteurs lors des précédentes élections générales de 2019 ». Mais également le manque de solutions de la part des autorités face aux « menaces à la sécurité de la part de plusieurs groupes à travers le pays, y compris des gangs violents dans le nord-ouest, et des groupes dans le sud-est du Nigeria qui tentent de saper les élections ».
C’est certainement l’un des enjeux de l’organisation du scrutin du 25 février : faire en sorte que les élections nigérianes se déroulent dans un contexte serein. Sur le papier, la démocratie est bien présente : en 2015, l’arrivée de Buhari au pouvoir a montré que l’opposition avait aussi son mot à dire face à un régime pourtant bien en place.
Mais quatre ans plus tard, au terme de son premier mandat, le chef de l’État a dû faire face à des accusations graves de violences qui auraient été commises par les forces de sécurité et l’armée. L’ONG HRW parle également de « casseurs agissant au nom de certains politiciens », comme cela est le cas dans plusieurs pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire.
« Les recherches de Human Rights Watch sur les élections de 2019 dans les États de Rivers dans le sud et de Kano dans le nord, qui ont tous deux une longue histoire d’élections violentes, ont révélé que les tensions préélectorales, notamment les affrontements entre partisans des principaux partis politiques et la rivalité entre les politiciens clés culminé par de graves violences lors des élections », indique l’organisation humanitaire qui ajoute que « des militaires ont tiré sans discernement sur des civils dans l’État de Rivers, tuant plusieurs d’entre eux, tandis que des casseurs appartenant à des factions politiques et des membres de forces de sécurité attaquaient des responsables électoraux, des électeurs, des journalistes et d’autres observateurs dans les deux États ».
Comme plusieurs observateurs de la vie politique nigériane, l’ONG demande donc que « toutes les mesures raisonnables pour créer et maintenir un environnement dans lequel les responsables électoraux, les journalistes et la société civile peuvent opérer à l’abri de la violence et de l’intimidation » soient prises. Et que la liberté d’expression soit protégée.