C’est une relation passionnelle qui tourne parfois à la haine. Entre l’Afrique et la France, c’est « Je t’aime, moi non plus ». Et en ce moment, le vieil Hexagone est en train de se faire piquer la vedette par de nombreux autres prétendants. Mais ce qui marque surtout les observateurs, c’est le paradoxe entre l’image de la France en Afrique et la façon dont les Français pensent être perçus. « La France est très présente en Afrique, nous avons une relation de longue date qui est à la fois sentimentale, culturelle, militaire, économique, diplomatique… Et pourtant notre image recule chaque année », constate le président délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN).
La France, qui se voit habituellement si belle, dégringole année après année
L’amertume est au rendez-vous. Et l’arrogance française semble avoir laissé place à une certaine remise en question. « Nous devrions nous interroger sérieusement », indique le CIAN. Pour la troisième fois, l’organisme livre un baromètre sur l’image que 2 400 leaders d’opinion venus de 12 pays africains ont des pays étrangers mais aussi des bénéfices engendrés par les partenariats avec les puissances étrangères. Et la France, qui se voit habituellement si belle, dégringole année après année. En perdant une place au classement du baromètre chaque année, l’Hexagone risque de voir passer devant lui tous les autres pays dans les prochaines années.
Le sentiment anti-français n’est pas nouveau sur le continent
En 2020, c’est le Royaume-Uni qui avait dépassé la France. Cette année, c’est le Japon qui surclasse Paris. Et pour l’édition 2022, les jeux semblent déjà fait : la Turquie, classée juste derrière la France, n’aura certainement aucun mal à passer devant. A ce rythme-là, imaginez la suite. D’autant que le sentiment anti-français n’est pas nouveau sur le continent. On l’a encore vu au Sénégal, au Mali et dans tant d’autres pays. Mais surtout, Paris ne semble pas comprendre les enjeux qui se jouent ici. Les entreprises bleu-blanc-rouge ont beau faire 60 milliards d’euros de chiffre d’affaires en Afrique et créer de nombreux emplois, la France n’y arrive décidément pas. A la différence d’Ankara, qui a mis en place, depuis une quinzaine d’années, un soft power efficace. Peut-être faudra-t-il une réelle remise en question, du côté de Paris. Sans quoi, la France disparaîtra définitivement d’Afrique.