La diaspora, de sa signification originale, est un exode progressif qui éparpille une communauté ou un peuple à travers le monde. Aujourd’hui, la présence des migrants africains dans tous les pays du monde est massive. Il n’empêche que le migrant, africain en particulier, a tendance à rester rattaché culturellement et économiquement à sa terre. L’envoi de fonds vers le pays d’origine est une façon pour le migrant d’aider sa famille à arrondir ses fins de mois. Pour les destinataires, surtout en ces temps de crise, les fonds reçus sont devenus un revenu vital.
Les migrants, principaux acteurs économiques
Le positionnement identitaire du migrant devenu de plus en plus difficile dans les pays d’accueil, son affirmation d’appartenance nationale, raciale ou religieuse est devenue rituelle. Tous les « x » du mois, il va à la banque ou à la poste afin de faire envoyer un peu d’argent à sa famille via une enseigne qu’il reconnait. Généralement, il s’agit de Western Union ou de Moneygram (65% de part de marché des STA en Afrique ).
Les transferts de fonds vers les pays africains ont dépassé les 46 milliards de dollars depuis 2018, en faisant une partie importante du PIB des pays qui en dépendent le plus. Selon la Banque mondiale et le FMI, l’Egypte, le Nigeria, le Maroc et le Ghana ont la part du lion des fonds transférés vers l’Afrique. Cependant, la dépendance de leur PIB de ces sommes, bien qu’atteignant les 9% pour certains pays, est incomparable à celle du Soudan du Sud, qui dépasse le tiers du PIB.
La diaspora est donc un acteur économique principal dans les pays africains . Mais les migrants d’Afrique comme tous leurs concitoyens sont de facto lésés par l’avidité des banques et des opérateurs de transfert de fonds. Les frais de transfert présentent aujourd’hui un vrai frein pour le développement durable des pays africains dépendants des transferts de fonds de ses citoyens à l’étranger.
Deux poids deux mesures, les frais de transfert des STA en Afrique
L’indignation de la Banque mondiale, de la BAD et même des Nations Unies du haut pourcentage des frais de transfert de fonds vers l’Afrique est très marquée depuis 2005 et jusqu’aujourd’hui . Avec la chute quantitative d’envoi de fonds, surtout en Afrique subsaharienne, en 2020 (9%) et le mois de janvier 2021 (6%), il est question de survie pour les pays d’origine, mais aussi pour les migrants eux-mêmes.
Dans le communiqué de presse de la Banque mondiale, Michal Rutowski, directeur mondial du pôle Protection sociale et emploi de la Banque plaide l’intégration des migrants dans les mesures de soutien décidées dans leur pays d’origine .
Afin d’amortir la chute des envois de fonds des migrants en Afrique, estimée entre 8 et 14% en 2021, le Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations (Forim) a revivifié son programme d’encouragement des startups qui créent des systèmes de transferts d’argent en ligne.
Selon le Forim, promouvoir ces startups aiderait à mettre la pression sur les grandes STA afin qu’elles baissent à leur tour les frais de transfert. La présidente du Forim, lors d’une interview donnée à l’occasion du lancement du programme en 2016 a affirmé que les frais sur les transferts ne dépasseront plus les 3% en 2030.