Le gouvernement malien a décidé de reporter à une date ultérieure le référendum constitutionnel. De quoi mettre en péril la calendrier de la transition ?
Tout le chronogramme était taillé sur mesure pour faire plaisir à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Car entre le Mali et l’instance régionale, les discussions avaient été âpres au moment de décider de la durée de la transition. Mais Bamako avait fini par proposer à la Cedeao un compromis. Il s’agissait alors de travailler sur une nouvelle Constitution, l’été dernier, et d’organiser un référendum constitutionnel le 19 mars prochain. Puis, tout allait s’enchaîner jusqu’à l’élection présidentielle de février prochain.
Sauf que le gouvernement malien vient d’annoncer le report du référendum constitutionnel. À première vue, il n’y a aucune mauvaise volonté de la part du Mali : le gouvernement assure qu’un retour des institutions est une « priorité absolue » et que « le chef de l’État tient fermement au respect de cette date ». Alors pourquoi avoir reporté le premier scrutin d’une longue série ? Officiellement, il manque une autorité indépendante de gestion des élections, qui doit permettre le bon déroulement des votes à venir.
« C’est une annonce qui n’est pas dénuée de sens, résume un observateur de la vie politique malienne. Pour voter en tout transparence, il faut un cadre précis. Ce report est donc logique, et c’est d’ailleurs pour cela que la Cedeao n’a pas condamné la décision malienne ». Si une bonne organisation du référendum est donc la priorité du gouvernement, certains opposants à la junte militaire voient dans ce report une façon de prolonger la durée de transition.
Calendrier décalé ou retard rattrapé ?
Et la raison officielle ne satisfait pas forcément tout le monde : la société civile, notamment, déplore le fait qu’aucune nouvelle date n’ait été annoncée. Or, selon elle, il est tout à fait possible d’appeler les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote dès le début de l’été. De quoi laisser assez de temps pour créer l’autorité indépendante de gestion des élections. Même si cela implique, par la suite, d’autres opérations comme la distribution des cartes électorales.
Interrogé par RFI, l’ex-Premier ministre Moussa Mara y voit « un motif d’inquiétude ». Il était possible, selon lui, de « se préparer sur le plan logistique pour respecter les délais ». Avant de nuancer « La transition est, par définition, une période d’incertitude, donc on peut comprendre qu’on soit en retard ». Reste désormais à savoir si tout le calendrier de la transition sera lui aussi décalé ou si le retard sera rattrapé grâce à des délais compressés.
En attendant, le gouvernement doit très rapidement plancher sur l’installation de l’autorité indépendante de gestion des élections. Car une fois créée, l’instance doit installer ses antennes régionales et mettre en place le processus électoral.
Et au-delà, les dirigeants politiques sont d’avis différents : certains estiment que l’absence de sécurité au Mali fragilisera forcément le processus électoral. D’autres demandent des réformes avant de discuter de la Constitution. Enfin, les derniers, à l’instar du socialiste Amadou Koita, demandent l’annulation pure et simple du référendum constitutionnel, estimant que les textes précédents se suffisent à eux-mêmes. Et qu’il est d’ores et déjà possible d’avancer sur la suite du processus électoral.