Abou Dardar, Issa al-Sahraoui et deux autres « cadres de l’EIGS » auraient été capturés lors d’une opération de Barkhane et des FAN au Mali. Il s’agirait aussi d’une partie des terroristes échangés contre Sophie Pétronin le 8 octobre 2020.
Entre vendredi et lundi, les forces antiterroristes françaises au Sahel ont effectué une opération au Mali, en compagnie des forces armées du Niger (FAN). Trois « cadres » de l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) auraient été capturés vendredi. Parmi eux, le bras droit historique de l’actuel chef de l’organisation Abou Walid al-Sahraoui, Dadi Ould Chouaïb, alias Abou Dardar. Aussi, le premier prédicateur du groupe, Issa al-Sahraoui, aurait été capturé dimanche.
Les deux gros bonnets du groupe terroriste sont donc particulièrement proches de l’Emir de l’organisation. Adnane Abou Walid al-Sahraoui a été, par le passé, le porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad (MUJAO). En 2015, le groupe Al-Mourabitoune, auquel appartenait le MUJAO, a connu une scission. L’émir d’Al-Mourabitoune, Mokhtar Belmokhtar, avait refusé de déclarer son allégeance à Daech.
Abou Dardar, qui était alors emprisonné au Mali, n’a pas fait partie de cette scission. Toutefois, tout comme les anciens du MUJAO, il a choisi Daech à la place d’AQMI. En 2020, Paris a négocié l’échange d’Abou Dardar et 200 terroristes reconnus et emprisonnés contre la française Sophie Pétronin et d’autres otages de l’EIGS. Sa capture, vendredi, est donc la réparation d’une erreur politique. Il reste à savoir si les Français le remettront à la justice malienne.
« Y'a d'la joie, y'a d'la joie » : libération au #Mali des #djihadistes, en échange, entre autres, de Sophie #Petronin ! #Terrorisme #JNIM #AQMI pic.twitter.com/juMSBq0RfO
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) October 23, 2020
Les médias français désemparés, Barkhane silencieuse
Les médias français lanceraient sans doute une autre salve de « constats amers » à propos de « la fin progressive de l’opération Barkhane ». Force est de constater que les médias de l’Etat ont évité la publicité autour de l’arrestation d’Abou Dardar. En effet, sur RFI par exemple, l’article « l’armée française annonce l’arrestation d’un cadre du groupe EIGS » n’en parle qu’à demi-mot. Sur France 24, on trouve une reprise sélective de l’article de Libération, qui a annoncé la nouvelle en premier hier.
Pourquoi la France éviterait-elle de plébisciter cet évènement ? Seuls les médias privés ont relayé la nouvelle. Et jusqu’à maintenant, Barkhane n’a toujours pas commenté. Les précisions sur les identités des terroristes neutralisés, dont une dizaine à été tuée, ont été apportées par l’observatoire américain ACLED et un certain « connaisseur de la région ». Et le présumé communiqué de l’armée française est une publication Twitter sans détails.
D’abord, Abou Dardar, Issa al-Sahraoui, ainsi que les autres terroristes capturés, font partie du deal pour la libération de Sophie Pétronin. Au départ, il s’agissait d’un coup de com pour Emmanuel Macron, en dépit de la protestation de Barkhane. Ensuite, la conversion de Pétronin à l’Islam, ainsi que la hausse des violences depuis la libération des 200 terroristes a causé un tollé général. La participation du gouvernement malien à l’échange d’otages est toujours floue. Dans l’absolu, l’argument de l’échange d’otages est un sujet qui fâche, du côté malien comme du côté français.
Cependant, un black-out médiatique actif est en train d’opérer au sujet de ce dossier. De plus, l’opération visait clairement le chef de l’EIGS, Abou Walid al-Sahraoui. Et c’est une opération relativement très réussie, voire la plus réussie de Barkhane depuis 2015. En effet, sans Abou Dardar et Issa, le chef d’EIGS est en mauvaise posture. Pourquoi l’état-major français n’en dévoile-t-il pas les détails ?
#Barkhane | Le 11 juin, dans le Liptako malo-nigérien, au cours d’une opération conjointe de la Force Barkhane et des Forces armées nigériennes, une action de combat a permis de capturer Dadi Ould Chouaïb, plus connu sous le nom de Abou Dardar, l’un des cadres de l’EIGS. pic.twitter.com/IEmzJcDWqH
— Armée française – Opérations militaires (@EtatMajorFR) June 16, 2021