A treize jours de la date théorique de l’élection présidentielle libyenne, la tenue du scrutin est légalement impossible et les principaux candidats sont contestés. Plusieurs voix appellent au report de l’élection.
La situation politique en Libye est toujours aussi chaotique. Avec l’élection présidentielle prévue le 24 décembre, qui s’éloigne de plus en plus, les règlements de comptes entre politiques et justice et face au silence de la Haute commission électorale nationale (HNEC), l’organisation du scrutin est au point mort. Il n’y aura probablement pas d’élection le 24 décembre en Libye, une hypothèse qui se confirme davantage jour après jour.
Le sénat libyen — le Haut Conseil d’Etat (HSC) — a appelé ce jeudi à ce que l’élection présidentielle soit reportée à février. « Les bousculades croissantes sur les bases juridiques d’un vote, visant à mettre fin à une décennie d’instabilité, ne conduiront pas à une élection productive », indique le chef du HSC, Khaled al-Michri, pourtant lui-même candidat.
De quoi interroger : le battage médiatique autour de cette élection en valait-il la peine ? Une question que devraient se poser les acteurs étrangers, dont l’intervention en Libye n’a fait que nuire aux intérêts des Libyens. Mais, également, une question sur le futur politique du pays, qui nécessite le consensus, la sécurité, le développement et le retour de l’Etat à mesure égale.
Une chose est sûre, les semaines passées ont montré l’échec du processus : une liste définitive des candidats devait être publiée, quinze jours avant le scrutin, ce qui n’a pas été fait. Les quinze jours de campagne prévus par la loi électorale ne sont donc plus possibles. La HNEC est en partie responsable. Mais le corps électoral, tiraillé entre l’exercice de ses fonctions dans un pays divisé et la pression occidentale pour un scrutin prématuré, n’est pas le seul fautif.
https://afriquechronique.com/lafrique-daujourdhui/pourquoi-lelection-presidentielle-en-libye-naura-pas-lieu/
Vers un report officiel
La loi électorale, promulguée le 9 septembre dernier par le chef de la chambre basse du parlement, et également candidat à l’élection, Aguila Salah Issa, a ébranlé un processus de paix qui avançait lentement mais sûrement. Le texte, rempli d’articles contestables, arrangeait certains candidats en dépit d’autres. Les dépôts de candidature ont été un fiasco, entre les exclusions, les recours désordonnés des candidats en justice, les conditions de candidature pas toujours respectées et les échéances dépassées.
Derrière cette loi électorale, l’Union européenne, en la personne de Josep Borell, l’axe franco-égyptien, de par son représentant Aguila Salah, et la sacro-sainte mission de l’ONU en Libye, la Manul, et son chef démissionnaire Ján Kubiš. Ce dernier a été pris de court par la succession des évènements, et son retrait montre l’abdication d’une communauté internationale qui n’a fait qu’aggraver la crise libyenne en tentant de lui imposer un calendrier trop strict, mais aux contours mal dessinés.
Il ne faut pas oublier, non plus, l’intervention des pays voisins de la Libye, l’Algérie en tête, qui voulait sauver le processus onusien. Une initiative court-circuitée par la France, qui a vu dans l’échec de l’ONU une opportunité de se replacer dans le dossier libyen.
Actuellement, donc, les quelques responsables libyens tenteront de sauver la mise en reportant cette élection sans que le fragile cessez-le-feu en cours n’y laisse toutes ses plumes. L’appel du HSC à reporter l’élection jusqu’à février n’est que la première étape. Selon nos informations, le Conseil présidentiel libyen, présidé par Mohammed el-Menfi, compte faire l’annonce officielle dans quelques jours du report des élections.
Donc, il me semble que les #élections libyennes sont repoussées malgré l’absence d’annonce? La loi électorale prévoit 15 jours de campagne. La liste des candidats n’a pas été publiée. Nous sommes le 10. Les élections avaient été annoncées pour le 24… faites vos calculs. #Libye
— Maryline Dumas (@Maryline_Dumas) December 10, 2021