Fin juillet, l’Unesco a placé sur la liste du Patrimoine mondial huit mosquées ivoiriennes de style soudanais. De quoi permettre de conserver ces sites qui racontent l’histoire de la région.
Lors de la 44e session du Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’organisation a inscrit sur sa liste treize nouveaux sites culturels. Parmi ces nouveaux sites, l’Unesco a accepté le dossier des huit petites mosquées situées à Tengréla, Kouto, Sorobango, Samatiguila, M’Bengué, Kong et Kaouara, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Ces lieux de culte « sont caractérisés par une construction en terre, des charpentes en saillie, des contreforts verticaux couronnés de poteries ou d’œufs d’autruche, et par des minarets effilés », résume l’Unesco.
Pour être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, les sites doivent avoir une « valeur universelle exceptionnelle » et répondre à au moins un des dix critères imposés par l’organisation. Parmi les critères, il faut que les sites soient « des chefs-d’œuvre du génie créateur humain » ou qu’ils portent un « témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ».
Nul doute que les huit mosquées de style soudanais dans le nord de la Côte d’Ivoire remplissent les fameux critères. Car elles racontent une partie de l’histoire de la région. Ces mosquées, indique l’Unesco, « présentent une interprétation d’un style architectural dont l’origine se situerait autour du XIVe siècle dans la ville de Djenné, qui faisait alors partie de l’empire du Mali et dont la prospérité provenait du commerce de l’or et du sel, à travers le Sahara vers l’Afrique du Nord ».
Des mosquées qui racontent l’histoire du commerce transsaharien
Mais c’est à partir du XVIe siècle que ce style s’est répandu vers le sud, « des régions désertiques à la savane soudanaise, en adoptant des formes plus basses avec des contreforts plus solides, pour répondre au climat plus humide ». Au début du XXe siècle, on trouvait encore plusieurs centaines de mosquées de ce style en Côte d’Ivoire. Elles ne seraient désormais plus qu’une vingtaine. Et si les huit mosquées sélectionnées par l’Unesco sont les mieux conservées, leur inscription sur la liste du Patrimoine mondial devrait permettre d’éviter toute éventuelle dégradation. En 2006, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture déplorait l’état de conservations des mosquées ivoiriennes.
C’est également l’occasion de faire connaître au public ces mosquées, qui se caractérisent par le style soudanais « propre à la région de la savane de l’Afrique de l’Ouest », qui s’est développé entre les XVIIe et XIXe siècles, « lorsque les marchands et les érudits se sont répandus vers le sud à partir de l’empire du Mali, prolongeant les routes commerciales transsahariennes jusque dans la zone boisée ». Ces sites « constituent des témoignages très importants du commerce transsaharien qui facilita l’expansion de l’islam et de la culture islamique et témoignent d’une fusion des formes architecturales islamiques et locales qui a persisté au fil du temps », poursuit l’Unesco.
Outre les huit mosquées de style soudanais du nord ivoirien, l’Unesco a inscrit un deuxième site africain sur sa liste du Patrimoine mondial : le Parc National de l’Ivindo, au Gabon. Ce site traversé par l’équateur et contenant un trésor végétal, abrite aussi un grand nombre de gorilles, espèce animale en diminution selon le Fond mondial pour la nature (WWF).