Depuis plusieurs semaines, difficile de trouver du sucre dans les boutiques sénégalaises. Et quand il est disponible, son prix est devenu prohibitif.
C’est la même histoire à chaque ramadan. Cette année encore, le sucre est devenu un or blanc : rare et cher, voici ce qui caractérise cet ingrédient phare des pâtisseries lors du mois saint. Le prix du kilogramme de sucre en poudre a augmenté de plus de 15 %, passant de 600 à 700 francs, quand le paquet de sucres en morceaux passait, lui, de 1 000 à 1 200 francs. Surtout, il est devenu de plus en plus difficile de trouver du sucre dans les étals des magasins : une pénurie, mais dont on n’arrive pas à trouver l’origine.
Du côté de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), le principal fournisseur de sucre au Sénégal, ce sont les commerçants qui ont, eux mêmes, fabriqué cette pénurie. D’après le gouvernement, les stocks de sucre ne sont pas amoindris, il s’agirait simplement de dysfonctionnements présents dans la distribution. L’État promet que cela sera réglé dans les prochains jours.
Mais pour l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal, c’est bien la Compagnie sucrière sénégalaise qui est en tort : « Malheureusement, c’est une tension répétitive qui vient à chaque moment de ramadan. Mais c’est dû à plusieurs facteurs. La compagnie sucrière produit environ 135 000 tonnes par an. Les Sénégalais consomment 185 000 tonnes par an. Donc, chaque année, il y a un gap de 50 000 à 60 000 tonnes qu’on doit importer », explique un des dirigeants de l’Union.
CSS et commerçants se rejettent la faute
Les besoins des Sénégalais sont en effet estimés à 1 000 tonnes par jour, alors que la production de la CSS a du mal à dépasser les 800 tonnes par jour. Mais pourquoi est-il si difficile d’importer les quantités manquantes pour inonder le marché ? Le ministère du Commerce a fixé un quota de 60 000 tonnes de sucre importées annuellement. Mais en 2020, par exemple, ce sont 180 000 tonnes qui avaient été importées pour pallier aux pénuries.
La CSS est directement impactée par les dépassements de quotas : des importation importantes déstabilisent le marché et provoquent un effondrement des prix du sucre. Ce qui menace indéniablement la CSS, qui fait donc pression sur les autorités pour que les quotas soient respectés.
L’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal y voit une volonté de monopole de l’importation, de la distribution et de la production de sucre de la part de la CSS. Depuis plusieurs années, entre l’organisation et l’entreprise française, le torchon brûle. D’autant que la CSS importe annuellement 30 % du quota national, ne laissant que des miettes aux industriels.
Normal, donc, que la CSS et le commerçant se rejettent la faute. Reste que, quand il est présent dans les étals, le sucre a atteint des prix exorbitants. Là encore, la CSS est accusée d’en être à l’origine : en février dernier, le président de l’Association des consommateurs du Sénégal y voyait une mauvaise gestion du ministère du Commerce et la mainmise de la CSS sur un marché tendu, surtout en période ramadanesque.