L’étau se resserre autour des géants de la tech communément appelés GAFAM. Alors que les Etats-Unis votent la loi pour la régulation financière de la Big Tech, les Etats africains font monter la pression.
La bataille entre les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et les Etats africains s’accélère. Les nouvelles lois votées contre la Big Tech, aux Etats-Unis, établissent une première base juridique contre l’emprise monopolistique des GAFAM. Les cinq lois en question ont joui d’un large soutien par le Congrès américain. Cela démontre à quel point l’emprise de ces multinationales sur les puissances mondiales vacille.
En parallèle, plusieurs Etats africains ont débuté une lutte contre les pratiques concurrentielles des GAFAM en Afrique. L’Ouganda a bloqué Facebook pendant plusieurs mois sur son territoire. Le Nigéria a lourdement régulé les transferts d’argent et condamné la désinformation sur les réseaux sociaux. Le président sénégalais Macky Sall a dénoncé ouvertement les dérives émanant des réseaux sociaux. Depuis, un grand débat entre les acteurs de la tech et les utilisateurs fait rage. Mais tout porte à croire que le pays avance à pas de géant vers une légifération du secteur numérique.
Jusque-là, les Etats africains ont été entravés dans la poursuite des GAFAM, pour les infractions commises en territoire africain souverain. Que ce soit dans les crimes concurrentiels commis par la direction de ces entreprises, la désinformation active et passive, la promotion du discours haineux ou encore l’évasion fiscale ; il n’est possible de poursuivre les GAFAM, actuellement, qu’aux Etats-Unis. Donc pour la justice des pays africains, si le droit comparé – comprenez le droit pénal américain – permet de punir la Big Tech pour les crimes susmentionnés, le droit national des pays africains devrait emboiter le pas prochainement.
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La régulation des GAFAM et de la Big Tech, l’Afrique ne fait pas que prendre des coups
La volonté politique est déjà présente dans plusieurs pays. A l’image du Nigéria qui a déjà lancé ses propres alternatives au niveau de la vente en ligne et la cryptomonnaie. Ou encore le Sénégal qui a décrété plusieurs décisions exécutives sur l’actualisation de la loi de 2008 sur la cybercriminalité.
Le « syndicat du crime numérique », comme l’a appelé une tribune du journal Libération, représente aussi les cinq plus grosses capitalisations boursières dans le monde. Les GAFAM, avec Apple et Twitter, monopolisent les recettes publicitaires en ligne à 73% de leurs revenus mondiaux. En Afrique, la Big Tech représente la totalité absolue des sources d’information en ligne. C’est un acteur socio-politique puissant dans l’Occident. Cependant, les GAFAM rencontrent une certaine résistance en Afrique. Outre l’insubordination de certains chefs d’Etat.
En effet, la TIC chinoise commence à imposer ses propres logiciels. Et les trois Etats africains (Congo, Kénya, Afrique du Sud) qui ont signé des contrats d’infrastructure avec des entreprises chinoises, sont déjà partiellement hors danger. Si on y rajoute l’évolution naturelle de la jurisprudence, ainsi que la concurrence, il est plus que possible que les GAFAM soient contraints à respecter les lois nationales en Afrique, à terme.
Quant à la question financière, la surveillance n’est actuellement possible que dans six pays africains. En Afrique du Sud, par exemple, Amazon et Facebook ont obtempéré à l’Etat sous la menace du boycott. De même, au Nigéria, Muhammadu Buhari est passé de victime de Twitter à une poussée totale vers la souveraineté digitale. Au Sénégal, le président Macky Sall a inauguré, fin juin, le premier Data center de type tiers 3 de la région. Ce n’est donc pas une lutte gagnée d’avance, mais une bataille où l’Afrique ne fait pas que prendre des coups.
Well done: US & EU pressured South Africa to delay #copyright reform wanted by Google. Great report @LauKaya. Please give us such detail also on the #Google #GAFAM Lobby in Brussels, Washington &the World @POLITICOEurope @politico https://t.co/32mlh90t8Y
— Paul Nemitz (@PaulNemitz) June 28, 2020