Largement réélu, le président sortant de République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, débute son second mandat conspué par l’opposition. Mais les résultats devraient demeurer fidèles à ceux publiés par la CENI.
Sa victoire était attendue. La contestation de l’opposition également. Tout d’abord parce que Félix Tshisekedi avait tout fait pour que la date du scrutin présidentiel, organisé le 20 décembre dernier, ne change pas. Ce qui n’arrangeait pas vraiment l’opposition. Ensuite, parce que le score est totalement à l’avantage du président congolais sortant : « Fatshi » a été réélu avec plus de 73 % des voix. Avec un taux de participation globalement faible (43 %), selon les résultats provisoires publiés dimanche dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Moïs Katumbi, seul opposant capable de faire trembler Tshisekedi, n’a, lui, pas dépassé les 20 % des suffrages. Avec 18 % des voix, le candidat de l’opposition est bien loin du président sortant. Mais déjà, des accusations de « coup d’État électoral » pleuvent. La faute à une organisation chaotique, qui avait laissé penser à un report du scrutin. Les instances catholiques ont, de leur côté, déploré le « gigantesque désordre électoral organisé », mais n’a pas voulu viser expressément Félix Tshisekedi.
Son second mandat débute donc dans le désordre, mais le président pourra profiter d’un autre désordre, celui de l’opposition, qui ne cesse d’avancer de façon désorganisée et divisée. Outre Katumbi, Martin Fayulu a de son côté cumulé à peine 5 % des voix.
Selon la présidence congolaise, les problèmes qui ont entouré l’élection « ont touché indistinctement tous les candidats ». D’éventuelles fraudes ont été dénoncées par les opposants, mais la large avance de Tshisekedi semble écarter d’office toute réclamation. Si des irrégularités étaient constatées, il serait en effet difficile de faire croire que Katumbi a talonné Tshisekedi.
C’est d’ailleurs le message diffusé par la mission d’observation électorale (MOE), lancée conjointement par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et l’Église du Christ au Congo (ECC), qui ont un poids conséquent en RDC. La MOE assure avoir « documenté de nombreux cas d’irrégularités susceptibles d’affecter l’intégrité des résultats de différents scrutins, en certains endroits », mais nuance, en expliquant que « grâce au dispositif de comptage parallèle des voix qu’elle a mis en place », la mission « constate qu’un candidat s’est largement démarqué des autres avec plus de la moitié de suffrages à lui seul ».