Après un bras de fer de sept mois qui a opposé le président Muhammadu Buhari et Twitter, le Nigéria a décidé de lever la suspension du réseau social, en imposant à l’entreprise américaine ses conditions.
Ce vendredi soir, à partir de minuit, Twitter sera à nouveau accessible au Nigéria. Une décision du gouvernement qui met fin à la suspension du réseau social qui dure désormais depuis sept mois.
Les responsables du réseau américain et le pouvoir nigérian ont entamé des négociations. En échange de la fin de la suspension, Twitter s’est engagé à ouvrir un bureau local au Nigéria, entre autres accords conclus avec Abuja.
Le gouvernement nigérian avait suspendu Twitter le 4 juin dernier, après que ce dernier a supprimé un message du président Muhammadu Buhari dans lequel il menaçait de punir les sécessionnistes du Biafra. Jack Dorsey, le PDG de Twitter, avait alors menacé de bloquer le compte du président.
S’en était suivi le blocage de l’accès à Twitter par les sociétés de télécommunications nigérianes. En septembre, des pourparlers avaient débuté entre les autorités nigérianes et Twitter. Car la suspension du réseau social avait handicapé de nombreuses entreprises qui avaient pris l’habitude de communiquer sur Twitter.
Le gouvernement nigérian n’a toutefois pas voulu se laisser faire. Avançant l’argument de la souveraineté du pays et déplorant le soutien de Jack Dorsey au mouvement de protestation #EndSars, le Nigéria a tenté d’imposer des conditions au retour de Twitter. Abuja a, entre autres, fait en sorte que les pays africains se retrouvent sur un pied d’égalité avec les autres pays du monde entier.
Les conditions nigérianes
Kashifu Inuwa Abdullahi, directeur général de l’Agence nationale de développement des technologies de l’information (NITDA), a déclaré dans un communiqué que le président Buhari avait approuvé la levée de la suspension.
« Twitter a accepté d’agir avec une reconnaissance respectueuse des lois nigérianes ainsi que de la culture et de l’histoire nationales sur lesquelles une telle législation a été construite », lit-on dans le communiqué de la NITDA. L’entreprise « travaillerait avec le gouvernement fédéral et l’industrie de la télécommunication au sens large pour développer un code de conduite conforme aux meilleures pratiques mondiales, applicable dans presque tous les pays développés », confirme le responsable.
Par conséquent, le gouvernement « lèvera la suspension des opérations de Twitter au Nigeria à partir du 13 janvier 2022 à minuit », affirme Kashifu Inuwa Abdullahi, qui ajoute que la société américaine nommera un représentant au Nigéria pour pouvoir dialoguer avec les autorités et se conformer aux obligations fiscales locales.
C’est la fin d’un long conflit, duquel le Nigéria semble être sorti vainqueur. Malgré une campagne médiatique contre le régime nigérian, Twitter n’a pas réussi à faire plier Abuja. Ce sera donc Jack Dorsey qui obtempérera. Une première historique concernant Twitter, qui malmène depuis quelques temps les Etats africains du haut d’un monopole qualifié par les autorités américaines de « concurrence déloyale ».