En Afrique, le football féminin attire de plus en plus de spectateurs. Le Maroc a misé sur cette catégorie et organisera la prochaine CAN féminine.
En juillet dernier au Maroc, l’Afrique du Sud battait le Maroc en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) féminine. Pour la 14e édition, l’enjeu était de taille : 500 000 dollars étaient promis à l’équipe qui remporterait le tournoi et les quatre demi-finalistes allaient se qualifier directement pour la Coupe du monde féminine, qui aura lieu en Australie et en Nouvelle-Zélande cette année.
Si l’événement n’a pas eu le même retentissement qu’une CAN masculine, les organisateurs ont pu s’enorgueillir de l’intérêt croissant du public pour le football féminin. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la compétition accueillait, pour cette édition, douze équipes au lieu de huit auparavant, 2,4 millions de dollars avaient été investis par la Confédération africaine de football (CAF), soit le double de la somme allouée lors de la dernière édition, et les chaînes de plus de 60 pays ont retransmis les matches, dont certains ont attiré en nombre le public — 45 000 spectateurs pour la demi-finale Maroc-Nigeria.
Le succès de cette dernière CAN féminine montre l’intérêt du royaume chérifien pour le football féminin. Et si la CAF a bien plus misé sur cette 14e édition, c’est en partie sous l’influence de Fouzi Lekjaa, le puissant patron du football marocain, très écouté par les membres de la Confédération africaine de football. D’ailleurs, la 15e édition aura lieu… au Maroc ! L’Afrique du Sud tentera, de son côté, d’accueillir le Mondial féminin 2027.
Rivaliser avec les plus grandes nations
Au-delà de la logistique, Rabat a également misé sur l’aspect sportif. Le Maroc veut des féminines performantes et la finale Maroc-Afrique du Sud de la dernière CAN montre que le royaume veut compter sur le continent, malgré la suprématie de quelques autres pays, comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud. C’est il y a presque dix ans que le roi Mohammed VI a missionné Lekjaa en ce sens.
Ceci est passé par une professionnalisation du football féminin, qui dispose désormais de deux divisions professionnelles, gérées par la Ligue nationale de football féminin (LNFF). Selon Jeune Afrique, depuis, le budget de la ligue a été multiplié par dix, atteignant 6 millions d’euros par an. Des joueuses payées pour pratiquer le football, des quotas imposés — si les entraîneurs peuvent être des hommes, les clubs doivent avoir une adjointe pour pouvoir obtenir des fonds — et des équipements et staffs qui leur sont réservés… Les femmes marocaines ont désormais les moyens de leurs ambitions.
Les objectifs du royaume sont ambitieux : le gouvernement vise les 90 000 licenciées d’ici à l’an prochain. Il faudrait donc multiplier par neuf le nombre de joueuses actuelles. On est donc loin d’atteindre les objectifs, mais le Maroc veut y croire. Plusieurs joueurs étrangères ont d’ailleurs décidé de rejoindre le championnat féminin marocain, et sont les porte-étendard du ballon rond. En attendant, pourquoi pas, de rejoindre l’Europe, où le foot féminin s’est développé de façon très rapide.
Premier bilan en 2024
« Il y a encore beaucoup de travail à faire, c’est sûr, mais il y a du talent », résume Anthony Rimasson, sélectionneur de l’équipe féminine U17, interrogé par le site de la FIFA. Sa sélection a réussi à décrocher cette année son premier billet pour la Coupe du Monde de la catégorie. « Le football féminin est assez récent au Maroc. Les structures ont mis du temps à se mettre en place. Mais la discipline est aujourd’hui bien organisée : nous sommes mieux armés pour repérer ces talents », poursuit le coach.
Si la CAN 2022 a été un succès, notamment en termes d’affluence, celle de 2024 doit être encore plus impressionnante. Le Maroc espère que l’organisation de ces deux CAN successives lui permettra de se placer en fer de lance du football féminin continental. Un premier bilan sera dressé par la LNFF à ce moment-là. Il sera alors temps de voir si le royaume est encore loin de ses objectifs. Il faudra alors réajuster la politique sportive.