Pendant que Laurent Gbagbo prépare son retour en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro pourrait écoper d’une peine de prison à perpétuité pour complot contre l’Etat.
Hasard du calendrier : alors qu’il va faire son grand retour en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo va bénéficier d’une plus grande clémence que son ancien Premier ministre, Guillaume Soro. Tous deux ont pourtant été condamnés à 20 ans de prison. Alors qu’Alassane Ouattara avait promis de tout mettre en œuvre pour que Laurent Gbagbo évite un passage par la case prison à son retour à Abidjan, le président de la République avait été moins tendre avec Guillaume Soro. « Pour lui ce sera la prison, assurait-il. Il n’y a aucun doute là-dessus ». Alors que Soro était déjà condamné à 20 ans de réclusion pour détournement de fonds publics, Ouattara ajoutait : « Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait ».
Une perpétuité qui pourrait bien être effective au terme du procès de l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo puis d’Alassane Ouattara. Soro est jugé avec une vingtaine de ses partisans, depuis le 19 mai dernier. Guillaume Soro est notamment accusé de « complot », de « tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat » et de « diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations ».
Un procès politique ?
Richard Adou, procureur de la République de Côte d’Ivoire, connu pour sa dureté vis-à-vis des opposants historiques d’Alassane Ouattara, a requis, au terme du procès, la prison à perpétuité contre Guillaume Soro. Plusieurs de ses ex-collaborateurs pourraient, eux, écoper de 20 ans de prison.
Guillaume Soro en exil, il n’était pas présent lors de son procès. Mais la défense a dénoncé « beaucoup trop de parjures et de forfaitures dans ce dossier » et un « procès politique ». Le procureur a, en outre, demandé la dissolution de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement politique de Soro. Cela « montre le caractère politique du procès. Parce qu’il n’appartient pas au juge pénal de prononcer la dissolution d’une association. Il n’y a pas de complot, pas d’atteinte à l’autorité de l’Etat », a indiqué l’avocat de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
A l’heure d’un retour de Laurent Gbagbo, la situation de Guillaume Soro tranche avec celle de l’ex-président. Si la perpétuité demandée par le procureur de la République est annoncée, cela devrait mettre fin à toute velléité politique de Guillaume Soro, dont la candidature à la présidentielle de 2020 avait déjà été rejetée en raison de sa condamnation à 20 ans de prison.