En signant un accord de coopération économique, le Togo et l’Algérie relancent la diplomatie économique du pays d’Afrique du Nord, qui s’est longtemps désengagé du continent.
Dans le cadre de la Zone de Libre Échange Continental Africaine (Zlecaf) qui doit permettre de faciliter les échanges commerciaux entre les différents pays africains, l’Algérie et le Togo ont annoncé, ce dimanche, la création d’un « conseil d’affaires algéro-togolais », qui dépendra des chambres de commerces de Lomé et d’Alger. De quoi offrir au secteur privé algérien des opportunités d’investissement au Togo.
« Le gouvernement togolais souhaite bénéficier de l’expertise algérienne dans le domaine de la transformation agro-industrielle de même que dans la mise en place de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA) », a expliqué le ministre togolais des Affaires étrangères Robert Dussey. Entre le Togo et l’Algérie, les échanges sont réduits à peau de chagrin : à peine 200 millions de FCFA d’exportations togolaises vers l’Algérie, 1 milliard de FCFA dans l’autre sens.
Alger veut réinvestir le continent africain
Si le Maroc est le roi de la diplomatie économique, l’Algérie s’est attelée, depuis le début du siècle, à mettre en place une coopération énergétique et de grands projets structurants avec l’Afrique subsaharienne. Mais les chiffres n’ont jamais réellement suivi. Il y a dix ans, le volume des échanges de l’Algérie avec le reste des pays africains restait minime, dépassant difficilement 1 % du volume global.
La chute des cours du pétrole a amené Alger à revoir sa stratégie. Et le pays du Maghreb semble aujourd’hui revenir à une politique économique plus africaine. C’était d’ailleurs l’un des objectifs du président Abdelmadjid Tebboune : se tourner vers le continent, trop longtemps délaissé. Et début 2020, les paroles ont laissé la place aux actes : le chef de l’Etat algérien s’est en effet rendu à son premier sommet de l’Union africaine (UA) en février. L’occasion pour lui d’annoncer la naissance d’une future agence algérienne de coopération internationale tournée vers l’Afrique.
L’Algérie se place de plus en plus comme un acteur incontournable en Afrique. Et la création d’un conseil d’affaires algéro-togolais n’en est qu’un exemple de plus, après que l’Algérie s’est engagé dans les pourparlers de paix en Libye et que Tebboune a promis de ratifier l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).
Un secteur privé algérien très performant
Ce retour de l’Algérie sur le devant de la scène a pourtant tardé. Fermé sur lui-même, le pays avait pourtant, dès son indépendance, lancé de grandes opérations de diplomatie politique, avec un message clair : stop à la colonisation. Avant de se replier sur elle-même… L’Algérie s’est petit à petit fermée, dépassée par un Maroc très actif sur le dossier du Sahara occidental, qui a réussi à occulter Alger. Certes, Abdelaziz Bouteflika aura tenter de s’imposer à l’UA, mais son état de santé a fait prendre encore un peu plus de retard à l’Algérie.
Faute de revenus suffisant, Alger s’est donc à nouveau tournée vers le continent. Tebboune peut compter sur des entreprises performantes, dans les secteurs des énergie, de l’agroalimentaire, de l’industrie pharmaceutique, de l’informatique ou encore de la construction. Avec, en prime, une volonté d’engager le bras de fer avec le Maroc sur le Sahara occidental, depuis la reconnaissance de la souveraineté de Rabat sur cette région, qui force Tebboune à étendre son influence diplomatique. Qui passe désormais par le Togo.