En 2009, un an après que son fils avait été arrêté en Suisse, Mouammar Kadhafi avait demandé le démantèlement de la Confédération helvétique.
Voilà une proposition qui n’aurait pas déplu aux supporters français avant l’Euro de football. Si Mouammar Kadhafi avait eu le champ libre, jamais l’équipe de France n’aurait été battue par la « Nati », la sélection suisse, hier soir lors d’un match fou. Il faut remonter à 2009 pour entendre, pour la première fois, parler Kadhafi d’un démantèlement de la Suisse. Lors du G8 en Italie, le « Guide de la révolution » libyenne avait évoqué l’idée d’en terminer avec la Confédération helvétique lors d’une discussion avec le commandant en chef des forces américaines en Afrique, le général William Ward.
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— Zweig stan account (@Fraus_Omnia) June 28, 2021
La Suisse, « une mafia mondiale »
Le courroux du président libyen débute avec l’arrestation de son fils Hannibal, à Genève. Kadhafi, au début du G8, déclare alors que la Suisse « est une mafia mondiale et non un Etat ». Quelques semaines plus tôt, le leader libyen invite le président Obama à se rendre en Libye pour s’adresser au sommet de l’Union africaine, quelques jours avant la conférence du G8 ». Sans succès. S’il veut discuter de sécurité, Kadhafi a déjà en tête l’idée que la Suisse doit disparaître, et il compte sur les Etats-Unis pour arriver à ses fins. Il fera part de son projet à William Ward.
Lors de son rendez-vous avec le général américain, Kadhafi lui assure mordicus que le terrorisme a deux sources : « Le wahhabisme et la Suisse ». Selon le Guide, « le système bancaire helvétique est utilisé pour financer les terroristes » et Kadhafi propose alors que la Suisse soit démantelée et répartie entre les pays voisins, indique un document secret américain.
Deux requêtes au G8 et devant l’ONU
La crise diplomatique entre la Suisse et la Libye a, certes, pris de l’ampleur un an après l’arrestation du fils Kadhafi. Mais qui peut croire que le « Guide de la révolution » va réussir à rayer la Suisse de la carte européenne ? Kadhafi, lui-même, y croit : cinq mois après sa rencontre avec le général américain, le président libyen va, lors de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, soumettre sa requête. Il n’aura pas plus de chance que lors du G8 : les autres Nations ne le soutiendront pas.
L’histoire retiendra cependant que Kadhafi a réellement fait deux requêtes, notamment lors de son année de présidence de l’assemblée générale de l’ONU. Le leader libyen estimait que la Suisse « est formée d’une communauté italienne qui doit retourner en Italie, d’une autre communauté allemande qui doit retourner en Allemagne et une troisième communauté française qui doit retourner en France ». L’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, avait indiqué que la communauté internationale avait été « choquée » et qu’il était « hors de propos et déplacé pour quelque chef d’Etat que ce soit de parler de sujets sans rapport » avec les questions traitées lors des assemblées de l’ONU.