Le secrétaire général du FPI-GOR, Assoa Adou, a déclaré que l’ancien président Laurent Gbagbo reviendrait en Côte d’Ivoire le 17 juin. Beaucoup de questions entourent encore les modalités de ce retour.
A l’occasion d’une cérémonie organisée pour fêter l’anniversaire de Laurent Gbagbo hier, le FPI a annoncé la date de son retour. Assoa Adou a déclaré : « Le 17 juin, Laurent Gbagbo foulera le sol de ses ancêtres, la Côte d’Ivoire ».
L’ancien président ivoirien avait été acquitté des accusations de crimes contre l’humanité par la CPI, le 31 mars. Depuis, Gbagbo planifie son retour au pays. Ses partisans, exilés depuis des années, sont revenus peu à peu en Côte d’Ivoire. Plusieurs responsables de l’Etat ivoirien ont rencontré Assoa Adou, qui était chargé de négocier les conditions du retour de Gbagbo.
Une réunion s’est tenue le 30 avril. Adou y a rencontré le Premier ministre Patrick Achi et le ministre de la Réconciliation Kouadio Bertin. Quelques jours plus tard, Achi et Adou ont discuté de la sécurité de Gbagbo lors de son retour. Ces réunions ont été confortées par l’accueil serein de six lieutenants de Gbagbo, jusque-là en fuite au Ghana. Parmi eux, la sœur de Gbagbo, Jeanette Koudou, a prononcé un discours prônant « la réconciliation nationale ».
Selon RFI, "le retour de Laurent Gbagbo se précise, mais le gouvernement ivoirien ne veut pas d'un accueil populaire". pic.twitter.com/ncBMiC1cBW
— José Lesra D. DESBROUGAH (@desbrougah) May 28, 2021
Gbagbo et la crise ivoirienne
Du côté du pouvoir ivoirien, le président Alassane Ouattara avait proposé de gracier Gbagbo des charges à son encontre en Côte d’Ivoire. Toutefois, il lui aurait imposé la condition de la neutralité au sujet de la présidentielle en 2020. Plusieurs médias suggèrent que la même offre tient encore aujourd’hui. Néanmoins, les partisans de Gbagbo craignent encore pour celui qu’ils considèrent comme le président légitime, et une victime d’un complot fomenté par Ouattara et la France.
Laurent Gbagbo a été président de 2000 à 2011. Après sa victoire à l’élection présidentielle en 2010, et sa contestation par Ouattara, la Côte d’Ivoire a connu des heures sombres. La crise post-électorale de 2010-2011 a pris la forme d’affrontements sanguinaires entre les partisans des deux candidats. Plus de 3200 personnes ont été tuées.
La France a déployé ses forces spéciales qui ont arrêté Gbagbo, dans une violation claire de la souveraineté ivoirienne. Les Français ont remis Gbagbo aux partisans de Ouattara, qui avait alors pris le pouvoir. Ensuite, Gbagbo a écopé de 8 mois de prison avant d’être transféré aux Pays-Bas. Là-bas, le long feuilleton judiciaire devant la CPI s’est perpétué pendant presque dix ans.
HKB sur FRANCE 24 :
"Il n’y a pas de 3è mandat en CI. Gbagbo doit retourner dans son pays. Ts les militants de son parti et les Ivoiriens le souhaitent.
Hier même nous nous sommes parlés"-Journaliste: Et quel était votre conversation ?
-HKB: (sourire au coin) ça c’est entr ns pic.twitter.com/A2wmCnp3IE
— Malan De Ford AKA (@malandeford_aka) July 30, 2020
Gbagbo, Ouattara et HKB, le premier triumvirat
Toutefois, les charges de « crimes économiques » contre Gbagbo lui ont valu une sentence de 20 ans en Côte d’Ivoire. Même s’il est blanchi devant la justice internationale, rien d’officiel n’a encore été entrepris pour gracier Gbagbo au pays. Bien que Gbagbo ait passé des années derrière les barreaux à La Haye, ainsi que du temps à Bruxelles en attendant l’appel, il conserve un fort soutien en Côte d’Ivoire. Son retour le 17 juin pourrait donc poser quelques soucis à Ouattara.
« ADO » sert maintenant un troisième mandat inconstitutionnel à la présidence de la Côte d’Ivoire. Ce serait probablement pour cette raison que le chef d’Etat s’est abstenu de gracier Gbagbo. Afin de garder un moyen de pression sur lui.
Néanmoins, une troisième partie de la politique ivoirienne, l’ancien président Henri Konan Bédié (HKB), a scellé une alliance politique avec Gbagbo en 2019. HKB, le chef historique du PDCI, pourrait bien être le seul avec assez d’influence pour assurer le bon déroulement de Gbagbo en Côte d’Ivoire. Il pourrait tout aussi bien être celui qui négociera efficacement l’essor de l’affaire judiciaire avec Ouattara. Garantissant que toutes les parties prenantes tiennent parole et aillent vers la réconciliation.
"Alassane Ouattara, c’est un MENTEUR… non le mot n’est pas fort, c’est ce qu’il est." Dixit Laurent Gbagbo https://t.co/qdNC1ygAd5
— Cleopathe_Germaine (@BorisKando) May 31, 2021