Selon des sources sécuritaires, une notice rouge de l’Interpol vise Karim Keïta, fils de l’ancien président du Mali Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Le fils d’IBK, Karim Keïta, fait l’objet d’an mandat d’arrêt international. Il est souvent considéré comme une figure de proue de l’ancien régime malien. Depuis le coup d’Etat qui a renversé l’ancien président, Karim Keïta a quitté le Mali. Il se trouve actuellement en Côte d’Ivoire. Karim Keïta était député depuis 2013, ainsi que le président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale malienne. Il était aussi connu pour son train de vie luxueux et exubérant. Par ailleurs, durant les manifestations de 2020, contre le régime IBK, des photos de Karim Keïta faisant la fête ont fait le tour de la toile.
Toutefois, à l’arrestation d’IBK, Karim Keïta n’a pas connu le même sort. La junte du nouveau président malien Assimi Goïta n’a pas visé le fils d’IBK lors du coup d’Etat. Si la justice malienne a ordonné l’arrestation de Karim Keïta maintenant, c’est principalement dû à une autre affaire. En effet, Karim Keïta est accusé d’avoir « fait disparaitre » le journaliste d’investigation Birama Touré en 2016. Le journal pour lequel travaillait Touré, Le Sphinx, avait dénoncé l’implication de Keïta. En contrepartie, Karim Keïta avait poursuivi Le Sphinx, ainsi que Bamako FM, pour diffamation. Une plainte que la justice malienne, même du temps de la présidence d’IBK en 2019, avait jugé irrecevable.
#Mali– Mandat d’arrêt international lancé par Interpol contre Karim Keïta dans le cadre de l’enquête sur la disparition du journaliste Birama Toure.
— 💚💛❤️ (@Ardo_Galo) July 5, 2021
Le sang de Birama Touré demande justice
De nouveau éléments dans l’affaire de Birama Touré auraient poussé le juge d’instruction du tribunal de Bamako à saisir Interpol. Et la réponse positive d’Interpol démontre bien qu’il s’agit de preuves tangibles. La notice rouge n’apparait toujours pas sur la base de données de l’Interpol. Cependant, plusieurs parties l’ont confirmée. Notamment, un membre du siège français de l’Organisation, ainsi qu’un responsable du bureau d’Interpol au Mali.
Selon la famille de Birama Touré, et le rédacteur-en-chef du journal Le Sphinx, le journaliste aurait connu une fin tragique. Depuis 2016, ils ont annoncé leur peur qu’il ait été détenu et torturé pendant plusieurs mois, avant d’être tué par des hommes de Karim Keïta.
Le journaliste travaillait sur un article impliquant Karim Keïta dans la corruption du régime d’IBK, dont il serait l’un des protagonistes. Le cercle d’IBK l’appelait le « vice-président », un surnom que ses ennemis politiques avaient repris. L’arrivée au pouvoir d’IBK en 2013 a été accompagnée de celle de l’élection de Karim en tant que député. Et ce dernier représentait effectivement les intérêts officieux de son père.
Les scandales d’IBK, et l’implication de Karim Keïta
D’abord, il faudrait souligner l’efficacité de la justice malienne. Car malgré les pouvoirs étendus d’IBK et de son fils, les autorités judiciaires du Mali n’ont jamais hésité à dénoncer la corruption du régime depuis 2013. En l’occurrence, les cadeaux somptueux, payés par les caisses de l’Etat, dont a profité l’ami d’IBK Michel Tomi. Cet homme d’affaire français s’appuyait sur sa relation personnelle avec Ibrahim Boubacar Keïta pour promouvoir ses intérêts en Afrique, notamment au Gabon et au Mali. Il faisait également partie du « milieu » mafieux corse.
Une photo dans la presse avait présenté le président IBK a aussi été pris en photo avec une montre Patek Philippe coutant 55 millions d’euros au poignet. Correspondant à deux années de salaire de président. Il avait aussi acheté, en 2014, un Boeing privé, autre que l’avion présidentiel, que son fils Karim utilisait souvent pour ses voyages.
Pendant le mandat d’IBK, Karim Keïta avait acheté un hôtel de luxe à Bamako pour six millions d’euros. Ce qui ne correspondait pas à son salaire de député de 2000 euros. Il a aussi pris en charge la rénovation du palais présidentiel et plusieurs contrats d’armement, surfacturés à plus de 18 fois du prix.
Le fait que Karim Keïta soit impliqué dans le détournement de fonds publics ne fait aucun doute désormais. Pour les populations maliennes, soutenir le coup d’Etat de Goïta était aussi un soutien pour la lutte contre la corruption du régime IBK. Le mandat d’arrêt contre Karim Keïta sera-t-il facilité par les autorités ivoiriennes ? Ce serait difficile au vu de la position d’Alassane Ouattara vis-à-vis de l’Etat malien.
#Mali : LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : LE CNSP AUX TROUSSES DES AMIS DE KARIM KÉÏTA #Mali https://t.co/XXEKrV0oS7
— maliactu (@maliactu) September 21, 2020