En Libye, ce dimanche, la Haute Commission électorale a finalement publié la liste finale des candidats à l’élection présidentielle. Une façon, pour la HNEC, de fuir ses responsabilités et de laisser au Parlement l’annonce du report du scrutin.
En Libye, les nerfs sont à vif, à quatre jours de la date théorique de l’élection présidentielle. En effet, les parties responsables de l’organisation du scrutin se rejettent la faute. D’un côté, la Haute Commission électorale (HNEC), l’organe électoral, a publié ce dimanche la liste finale des candidats… avec dix jours de retard. Et contrairement aux prétextes avancés par la HNEC, à savoir « les doutes juridiques persistants quant à la validation de certains candidats », la commission a finalement validé 98 candidatures.
De l’autre côté, les deux chambres parlementaires — le sénat de Khaled al-Michri et le parlement de Tobrouk d’Aguila Salah — comptent se réunir entre lundi et mardi pour décider de la suite de la transition libyenne. Entre des discussions concernant la nouvelle date des élections et l’organisation du pouvoir exécutif, les deux parlements, déjà aux antipodes, devront faire preuve de responsabilité, de leadership, d’autorité…. et de consensus.
D’autant qu’avec la publication de la liste des candidats, la HNEC impute la responsabilité du futur échec de l’élection au parlement. Selon Imad Sayah, le chef de la HNEC, la commission n’aurait « aucun problème à tenir l’élection à la date prévue ». Une affirmation qui ne reflète en rien la vérité, mais qui montre la désorganisation qui règne et la guerre de communication qui débute entre les différentes parties, qui se rejetteront, jusqu’au 24 décembre, la faute.
Le chaos politique libyen finira-t-il un jour ?
La rencontre entre al-Michri et Salah, elle, est d’ores et déjà une source de problèmes. Les chefs du pouvoir législatif sont des ennemis politiques, ils ne s’en cachent pas. De plus, leurs positions respectives quant à la période de transition sont opposées.
Aguila Salah a été à l’origine de la promulgation unilatérale de la loi électorale en septembre dernier. Une loi dictée par l’Europe et l’ONU, qui enchaîne des articles illégaux. Salah s’est présenté en tant que candidat, alors qu’il aurait dû rester à son poste.
Al-Michri, quant à lui, est réapparu il y a deux semaines, après une absence de la scène politique qui se compte en années. Et, bien qu’opposé aux « conditions qui ne sont pas propices à la tenue d’élections positives », le chef du Haut Conseil d’Etat (HCS) semble vouloir jouer les trublions, sans pour autant apporter de solution.
Sur un autre plan, les candidatures contestées de Khalifa Haftar, Saïf al-Islam Kadhafi et Abdel Hamid Dbeibah, ont provoqué de nombreux conflits dans les villes libyennes. Les alliances politiques, elles, ont implosé, bien que les cercles politiques soient unanimes quant au fait que l’élection soit impossible à tenir dans les délais impartis.
A quatre jours de la date du 24 décembre donc, l’opinion publique s’attend à la sortie d’un responsable libyen avec assez de courage pour couper court aux spéculations. Clairement, la HNEC ne veut pas endosser cette responsabilité. Qui osera enfin faire l’annonce tant attendue, mais si difficile à exprimer ?