393 enfants ont été sauvés par les autorités à Abengourou, à l’est de la Côte d’Ivoire, la semaine dernière. Hier, ce sont 48 mineurs burkinabés, destinés à travailler illégalement dans des mines, qui ont été rapatriés. Au total, plus de 600 victimes de traite d’enfants ont été décomptées en Côte d’Ivoire depuis début février.
Au moins 48 enfants burkinabés destinés à travailler dans des plantations agricoles ou des mines illégales en Côte d’Ivoire ont été sauvés de leurs ravisseurs et rapatriés, a annoncé la ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Ramata Ly-Bakayoko. « Nous avons organisé le retour de ces enfants secourus par la police, désireux de rentrer chez eux et de retrouver leurs familles », a-t-elle ajouté. La ministre a promis une tolérance zéro pour les crimes contre les mineurs.
La police a expliqué pour sa part que 227 mineurs âgés de 7 et 18 ans, dont la majorité étaient burkinabés, ont été interceptés à Aboisso le mois dernier alors qu’ils se déplaçaient d’un camp dans la forêt vers une mine où ils travaillaient. Quatre trafiquants ont été traduits en justice.
Les crimes de traite d’enfants se multiplient en Côte d’Ivoire, plus de mille enfants ont été secourus au cours de l’année 2020 et 97 trafiquants ont été transférés devant les tribunaux, selon Luc Zaka, le sous-directeur de la lutte contre le trafic d’enfants et de la délinquance juvénile.
Des chiffres qui donnent des frissons
Selon un jeune Burkinabé de 16 ans qui faisait partie du groupe, les trafiquants avaient promis un salaire d’environ 76 euros par mois, mais rien n’a été perçu par le garçon pendant six mois.
Selon l’International Cocoa Initiative (ICI), une fondation suisse créée par l’industrie du chocolat pour lutter contre le travail des mineurs dans le secteur, environ 800 000 mineurs étaient engagés dans la culture du cacao entre 2013 et 2014. Malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation, le phénomène semble s’aggraver. Le visage le plus connu de la lutte contre la traite et le travail forcé des enfants est celui de la Première Dame ivoirienne Dominique Ouattara, qui parraine le Plan d’action national de lutte contre la traite des enfants.
Les réseaux criminels exploitent de plus en plus des jeunes du Burkina Faso, mais aussi du Nigeria, du Niger, du Mali et du Bénin. Et malgré les traités conclus avec les pays frontaliers pour lutter contre la traite d’enfants, la Côte d’Ivoire compte des dizaines de milliers d’enfants étrangers qui travaillent dans l’agriculture et les mines. La raison plus probable est la difficulté accrue de retracer ces mineurs étrangers, à la différence des enfants ivoiriens.
Quelles solutions pour l’exploitation des enfants par les cacaoculteurs ?
ICI avait mis en garde l’année dernière contre une éventuelle reprise du trafic en raison de la hausse des prix du cacao qui génère une augmentation du besoin de main-d’œuvre. En Afrique de l’Ouest, selon la même organisation, plus d’un million de mineurs travaillent dans les plantations.
La pratique régulière de forcer les mineurs à travailler dans les plantations est la norme pour les cacaoculteurs. Pour diverses raisons, ces jeunes ouvriers forment même leurs propres enfants au métier afin de réduire le coût de la main-d’œuvre dans les fermes familiales. On estime qu’environ un mineur sur trois vivant dans les régions productrices de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana, qui représentent plus de 60% de la production mondiale de cacao, travaille dans une plantation.
Les grandes multinationales du cacao et du chocolat ont souvent été accusées de fermer les yeux sur ces violations des droits de l’enfant, afin de préserver des conditions de marché qui leur sont favorables. Et avec la réglementation inévitable de la culture du cacao en Côte d’Ivoire, pour laquelle les ONG font de plus en plus pression, les cacaoculteurs font la course pour augmenter la taille de leurs plantations afin de garantir une production importante, même dans l’éventualité où ils doivent engager des adultes pour ce travail.