Ce mercredi 19 mai, un procès s’ouvre contre Guillaume Soro et des membres du GPS. L’ancien Premier ministre ivoirien est notamment accusé d’« atteinte à la sûreté de l’Etat ».
A la fin de l’année dernière, la passe d’armes entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro avait été tendue. Interrogé fin octobre par Le Monde, le président ivoirien avait affirmé : « Pour lui (Guillaume Soro, ndlr) ce sera la prison. Il n’y a aucun doute là-dessus. Il mérite la prison à perpétuité pour ce qu’il a fait ». Le chef de l’Etat reproche à son rival les mutineries de 2017. « On a trouvé des tonnes d’armes chez lui. Puis nous en avons trouvé au siège de son parti. En quoi un président de l’Assemblée nationale a-t-il besoin d’avoir des lance-roquettes au siège de son parti ? », demandait alors Alassane Ouattara, qui accuse l’ex-Premier ministre de tentative de coup d’Etat.
Loin de calmer les débats, quelques jours plus tard, Guillaume Soro s’était adressé directement aux militaires. Il avait demandé aux « soldats, sous-officiers, officiers, officiers supérieurs et officiers généraux » de l’armée « d’agir pour stopper les tueries, agir pour préserver notre pays de pogroms intercommunautaires, agir pour rétablir la paix et la concorde, agir pour redonner à notre Constitution ses lettres de noblesse ». Une sortie belliciste qui avait eu le don d’énerver un Alassane Ouattara occupé à redorer son blason auprès de la communauté internationale.
Des procès contestés par Soro et ses avocats
Alors, le procès qui s’ouvre aujourd’hui en Côte d’Ivoire devrait finir d’enterrer les derniers espoirs de réconciliation entre le pouvoir ivoirien et l’opposant. Une audience très attendue : avec une vingtaine de ses proches l’ancien Premier ministre est accusé d’ « atteinte à la sureté de l’État », de « complot » et de « diffusion de fausses informations ».
En exil, Guillaume Soro ne sera évidemment pas présent lors de son procès. Pire : les avocats de GPS, le parti de Soro, ont également annoncé leur refus d’y participer. Pour les défenseurs de celui qui a également présidé l’Assemblée nationale, c’est un « simulacre de procès » qui débute ce mercredi 19 mai. Ils reprochent des décisions prises par la justice ivoirienne « au mépris de deux décisions de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) », datées du 22 avril et du 15 septembre 2020.
La justice, de plus, compte se baser sur des enregistrements que les services de renseignement auraient interceptés. Ceux-ci, assurent les avocats, sont « tronqués, truqués et issus d’une captation illicite ». Pour ce qui est des armes découvertes dans la résidence de Soro, les défenseurs de l’opposant affirment qu’il n’y a « aucun lien avec GPS et a fortiori avec Guillaume Soro ».
Guillaume Soro a déjà écopé d’une lourde peine de prison en Côte d’Ivoire. L’ex-Premier ministre avait été condamné à 20 ans de prison pour recel de deniers publics détournés et de blanchiment de capitaux. Soro avait, déjà à l’époque, dénoncé « une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’Etat de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara ».