Ce dimanche matin, le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, s’est rendu dans les locaux de la Commission électorale libyenne et a déposé sa candidature pour l’élection présidentielle du 24 décembre.
La nouvelle était à la fois attendue tout autant qu’elle semblait improbable. Après l’annonce de candidature du Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah, c’est au tour de Saïf al-Islam Kadhafi de sortir son épingle du jeu. Le fils de Mouammar Kadhafi pouvait apparaître hors-jeu après la promulgation d’une loi électorale sur mesure pour empêcher, notamment, sa candidature. En effet, Saïf al-Islam Kadhafi a été condamné à mort en Libye en 2015, dans l’affaire du meurtre de plusieurs manifestants.
Dans la matinée de ce dimanche 14 novembre, le fils du Guide de la révolution a signé les documents de sa candidature dans les locaux de la Commission électorale libyenne (HNEC) de la ville de Sebha, chef-lieu du Fezzan, dans le sud-ouest libyen.
#سيف_الإسلام_القذافي يقدم أوراق ترشحه شخصياً للانتخابات الرئاسية في مدينة #سبها#ليبيا#الحدث pic.twitter.com/YhnnfOzSPx
— ا لـ حـ ـد ث (@AlHadath) November 14, 2021
Cet acte de candidature intervient après un lobbying intense opéré en marge de la Conférence de Paris sur la Libye. Selon nos informations, deux personnages ont conduit les pourparlers entre Saïf al-Islam Kadhafi et l’Elysée : son cousin Salah, et le représentant personnel de Saïf al-Islam, Omar Krichida. Les deux représentants du fils Kadhafi se trouveraient actuellement au Caire, afin de préparer la logistique de la campagne. Reste que cette candidature est, pour le moment, jugée illégale par Tripoli.
Lobbying entre Paris et Le Caire
En effet, après le différend opposant le Conseil présidentiel libyen et le gouvernement d’unité nationale (GNU), Mohammed el-Menfi et Abdel Hamid Dbeibah sont arrivés ensemble à Paris. Une image qui a étonné les observateurs, d’autant que les deux chefs de l’exécutif libyen semblaient irréconciliables après la suspension de la ministre des Affaires étrangères Najla Mangoush.
Une haute source diplomatique révèle au Journal de l’Afrique que Dbeibah et el-Menfi s’étaient déplacés à Paris pour réclamer officiellement l’interdiction d’Omar Krichida d’assister au « backchanelling » français opéré en marge de la Conférence de Paris sur la Libye. Les leaders tripolitains sont, en effet, conscients que la candidature de Saïf al-Islam Kadhafi aurait monopolisé les discussions.
Bien que cette candidature ait de fortes chances d’être rejetée dans un premier temps, Saïf al-Islam Kadhafi se pose donc comme un interlocuteur influent pour cette présidentielle. Mais dans le camp du fils Kadhafi, on reste optimiste. La même source évoque « un deal avec la France, qui semble accepter qu’il se présente ».
Au centre de cet accord, le rôle du fameux Salah serait important. Le cousin de Saïf al-Islam Kadhafi discute par ailleurs de la libération d’un autre fils du dictateur libyen : Hannibal Kadhafi, emprisonné, lui, au Liban.
Reste à savoir, quelle sera la réaction de Tripoli, ou même du maréchal Haftar, face à cette candidature de Kadhafi. Et surtout, face à la résignation française. La France soutient le maréchal de l’est libyen depuis quelques semaines. En autorisant Kadhafi à se présenter, Paris oppose deux ennemis de longue date. Mais dans quel but ?