Le coup d’Etat au Burkina Faso est confirmé. Selon plusieurs médias, le président Roch Marc Christian Kaboré est détenu par des militaires ce lundi matin. Les auteurs du coup d’Etat réclament sa démission.
Au Burkina Faso, les pourparlers entre les autorités et les militaires ont finalement échoué. Après des discussions qui ont duré un peu plus de 24 heures, le président Roch Marc Christian Kaboré a finalement été arrêté par les mutins et serait détenu dans une caserne.
Selon les dernières informations provenant du pays ouest-africain, des soldats encagoulés ont pris position devant le siège de la télévision nationale. Une déclaration des putschistes devrait avoir lieu dans les heures qui suivent.
Plusieurs médias, dont Reuters, confirment l’arrestation du chef de l’Assemblée nationale Alassane Bala Sakandé, du nouveau Premier ministre Lassina Zerbo et du ministre des Armées Aimé Barthélémy Simporé. Ce dernier était le seul représentant de l’Etat à avoir pris la parole à la télévision nationale dans la matinée de dimanche. Il menait notamment les pourparlers avec les militaires mécontents. Un échec total finalement, qui solde les six ans au pouvoir de Kaboré par un coup d’Etat. Le cinquième en Afrique ces derniers mois, et le troisième dans la sous-région ouest-africaine.
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Roch Marc Christian Kaboré : veni, vidi… perdidi
Mais que reprochent les militaires, et les manifestants, au président déchu ? Kaboré débute à peine son second mandat.
C’est surtout l’échec sécuritaire de l’année 2021 qui saute aux yeux. Car, après un premier mandat lors duquel Kaboré a abordé sérieusement le problème de la menace terroriste, depuis avril dernier, l’Etat semble délaisser les régions du nord et de l’est.
Le Burkina Faso a connu ses attentats les plus meurtriers cette année, dont celui de Solhan en juin, le plus meurtrier de l’histoire. Mais, également, le meurtre d’une quarantaine de policiers des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), le groupe de miliciens civils d’autodéfense adoubé par l’Etat.
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C’est cette tendance d’offrir les civils en pâture qui est reprochée également au gouvernement de Kaboré. Et face à ces échecs, le président a eu une ultime chance en novembre, de réorganiser les forces de l’ordre et d’en finir militairement avec ce problème. Toutefois, il s’est contenté d’évincer ses ministres de l’Intérieur, de la Défense et le Premier ministre. En rejetant la faute sur ses subalternes, le président a suscité l’ire des militaires.
Kaboré avait pourtant mené une politique plus indépendante que celle de Blaise Compaoré. Jusqu’à l’année passée, car le silence burkinabé et la signature de ses diplomates qui figure sur les listes de sanctions de la Cedeao infligées aux autorités militaires du Mali et de la Guinée, ont clairement déplu à l’opposition, tout autant qu’aux militaires.
Suivant l’exemple de son voisin Mohamed Bazoum, Kaboré s’est aussi attaqué aux militaires burkinabés, en emprisonnant notamment le général Gilbert Diendere, condamné en 2019, et plus récemment, le lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana.
The authorities in Burkina Faso have reported the capture of eight soldiers who are blamed for plotting a coup.
Among those captured is Colonel Mohamed Emmanuel Zoungrana – a well-known former armed force commander who has apparently been reproachfulhttps://t.co/1tyvCwrKFP pic.twitter.com/jukqydfWuY
— BNN Africa (@africabnn) January 12, 2022
Qui mène le coup d’Etat ?
Si les deux responsables militaires étaient au centre de la colère des officiers de l’armée, aucun des deux n’aura lancé les hostilités. A l’origine de l’arrestation de Kaboré se trouverait, selon les médias burkinabés, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Cet officier, tout comme Zoungrana, commande un régiment commando chargé de la lutte contre le terrorisme. Damiba serait également l’auteur des revendications des soldats mutins, ce dimanche. Pour rappel, les militaires avaient rencontré le ministre des Armées pour négocier « plus de moyens et une meilleure formation » pour les soldats déployés dans les régions sensibles du pays.
Autre point de ressemblance entre Zoungrana et Damiba, les deux ont été ouvertement opposés à la politique sécuritaire de Kaboré. Ils sont les auteurs de livres sur l’insécurité au Burkina Faso. Damiba aurait également une relation avec les meneurs de la tentative de coup d’Etat de 2015.
Un responsable militaire, contacté par l’AFP, a déclaré : « Il faut patienter, il y aura une déclaration dans les prochaines heures ». Celui qui lira la déclaration sera donc probablement le prochain dirigeant du Burkina Faso.