Libre de ses mouvements, Brahim Ghali, chef du Polisario, a quitté l’Espagne pour l’Algérie. Au grand désespoir du Maroc.
C’était l’un des points d’achoppement entre Madrid et Rabat. Et l’affaire est loin d’être réglée. Gênée par l’hospitalisation en catimini de Brahim Ghali, le leader du mouvement indépendantiste sahraoui, en Espagne, le Maroc avait mis en garde le gouvernement espagnol du risque de « pourrissement » de la crise diplomatique entre les deux pays si le leader du Polisario était autorisé à rentrer chez lui. Hospitalisé à Logroño le 21 avril, alors qu’il avait contracté la Covid-19, Ghali avait été accueilli sur demande d’Alger. Après plusieurs jours à l’hôpital, le chef indépendantiste a été mis « hors de danger » par les médecins.
Le Maroc a, ces derniers jours, fait pression sur les autorités espagnoles pour que Brahim Ghali soit placé en détention puis extradé. Si Ghali est bien visé par des plaintes au Maroc, il est également dans la ligne de mire de la justice espagnole. Deux plaintes sont en effet en cours à Madrid, dont l’une pour « arrestation illégale, tortures et crimes contre l’humanité ».
Une audition et puis s’en va
Un juge du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale a bien entendu Brahim Ghali ce mardi 1er juin. Mais au terme de cette audition virtuelle, le chef du Polisario a été autorisé à quitter le territoire. Ce que le leader sahraoui a rapidement fait : selon l’agence Algérie Presse Service (APS), Ghali est en effet arrivé le 2 juin à Alger, en pleine nuit. Sur place, il doit recevoir de nouveaux soins.
Certes, le juge espagnol ne s’est pas prononcé sur la suite de son enquête et pourrait inculper Ghali, si de nouveaux éléments sont apportés. Mais en attendant, aucune mesure n’a été prise à l’encontre de l’indépendantiste, qui est donc resté libre de ses mouvements. Même s’il doit fournir à la justice une adresse et des coordonnées téléphoniques espagnoles.
Cette liberté de mouvement octroyée à Ghali ne devrait pas arranger les relations entre l’Espagne et le Maroc. D’autant que c’est le gouvernement algérien qui aurait affrété un avion spécialement pour rapatrier le chef du Polisario.
Au mois de mai, l’arrivée d’environ 10 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta avait fini d’attiser les tensions entre les deux pays. Pour apaiser la situation, Madrid avait assuré que la justice espagnole convoquerait Brahim Ghali. Ce fut donc le cas, même si l’audition n’a rien donné. Pas sûr que celle-ci suffise à calmer Rabat, qui risque de demander une nouvelle fois des comptes à l’Espagne.