Un accord de principe a été signé entre le principal groupe rebelle du Soudan, le SPLM-N, et le gouvernement. Avec en ligne de mire la paix.
Au Soudan, les guerres civiles se succèdent mais ne se ressemblent pas. Il y a cinq mois, un accord de paix historique était signé entre le gouvernement soudanais et plusieurs groupes rebelles. Après dix-sept années d’une guerre interminable, les représentants du Front révolutionnaire du Soudan, une alliance de cinq groupes rebelles, signaient à Juba cet accord prévoyant la mise en place d’un processus de paix censé apporter « le développement, le progrès et la prospérité » au Soudan.
Si le chef du principal groupe rebelle du Darfour, le Mouvement de libération du Soudan (SLM), avait signé ces accords, pour le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), plus actif dans le Kordofan du Sud et dans la région du Nil Bleu, la signature avait été reportée. Pourtant le SPLM-N d’Abdelaziz al-Hilu avait bien participé aux négociations de 2020 avec le gouvernement.
Mais face aux revendications du mouvement concernant une laïcisation de l’Etat, le gouvernement n’avait pas donné suite. Le SPLM-N s’était alors retiré du processus de paix. Cinq mois après l’arrêt des pourparlers, ces derniers semblent sur le point d’être relancés. Des sources officielles ont confirmé la nouvelle à l’Agence de presse soudanaise SUNA.
Un accord de principe aurait été signé, et ce « dans le cadre du règlement global du conflit au Soudan », entre le président du Conseil souverain soudanais transitoire, le général Abdel-Fattah al-Burhan, et Abdelaziz al-Hilu.
Une bonne nouvelle pour les Soudanais, le SPLM-N étant le plus grand groupe rebelle du pays. Très présent également au Darfour, le mouvement rebelle s’est disloqué lors de la signature des accords de 2020, l’un de ses leaders, Malik Agar, ayant lui décidé de parapher le document.
Une réforme de l’armée
Mais pour le gouvernement soudanais, les discussions risquent d’être âpres avec Abdelaziz al-Hilu. Le SPLM-N revendique notamment la laïcité de l’Etat laïque et une réforme de l’armée. Mais l’accord de principe signé entre les deux parties semblent aller dans ce sens, prévoyant « l’établissement d’un Etat civil, démocratique et fédéral au Soudan, dans lequel la liberté de religion, de croyance et les pratiques et cultes religieux seront garantis à tous les Soudanais en séparant les identités culturelles, régionales, ethniques et religieuses de l’Etat ». L’accord de principe prévoit également qu’« aucune religion ne sera imposée à quiconque et l’Etat n’adoptera aucune religion officielle ».
Concernant l’armée, Abdelaziz al-Hilu et Abdel-Fattah al-Burhan seraient tombés d’accord sur le fait que « le Soudan doit avoir une seule armée nationale professionnelle qui opère selon une nouvelle doctrine militaire unifiée et qui s’engage à protéger la sécurité nationale conformément à la Constitution ».
Le Premier ministre soudanais Abdalla Hamdok confirme que « la signature de l’accord de principe dans la capitale du Soudan du Sud (…) est un geste courageux et une preuve de la ferme volonté de tous les Soudanais, civils et militaires, d’achever la deuxième phase du processus de paix au Soudan suite à l’Accord de Djouba et à l’Accord d’Addis-Abeba ».