Alpha Condé, maintenu en détention dans une antenne des forces spéciales, va-t-il être libéré ? La communauté internationale a fait de cette libération sa priorité.
Trois jours après le coup d’Etat, le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) et les différentes composantes guinéennes — des ministres à l’opposition — négocient notamment les libérations de prisonniers d’opinion. Alpha Condé, lui, croupit toujours dans une aile des forces spéciales installée à l’entrée du palais, à Kaloum. Alors que les contours du nouveau pouvoir se dessinent, quel sort sera réservé à l’ex-président guinéen ?
La Cedeao — et plus généralement la communauté internationale, de la France à l’ONU — a appelé à la « libération immédiate » d’Alpha Condé. Mais les militaires à l’origine du putsch peuvent-ils décemment libérer le président déchu dans les heures à venir, au risque de voir leur coup d’Etat annihilé ?
Au Mali, en août dernier, le président Ibrahim Boubacar Keïta avait subi la pression des putschistes et démissionné, lors d’une allocution retransmise à la télévision et filmée depuis un bureau du camp militaire Soundiata-Keïta de Kati. Depuis, « IBK » est libre de ses mouvements. L’ex-chef de l’Etat malien passe son temps entre Bamako et Abu Dhabi, où il se fait soigner. Il s’est d’ailleurs totalement retiré de la vie politique, restant muré derrière le silence médiatique.
« Condé n’est pas le genre d’homme à démissionner »
Alpha Condé suivra-t-il cette voie ? « Il n’est pas le genre d’homme à qui l’on fait signer, sous la contrainte, une démission », affirme un proche du président guinéen déchu. Difficile d’envisager un Alpha Condé qui s’imposerait un droit de réserve, lui qui a vécu pour la politique. Ancien opposant, Condé voulait rester au pouvoir coûte que coûte. Et son entourage le voit mal, aujourd’hui, prendre une retraite forcée.
Chez les opposants d’Alpha Condé, l’emprisonnement de l’ex-président fait débat. Même les ONG réclament sa libération. « Il faut que les instigateurs du coup d’État indiquent le fondement juridique de la détention du président Alpha Condé », indique Amnesty International, qui nuance cependant en indiquant que « celui-ci doit être inculpé d’une infraction reconnue par la loi ou remis en liberté immédiatement ».
Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé appelle, de son côté, « les nouvelles autorités, comme elles s’y sont engagées solennellement, à préserver l’intégrité physique et morale du président Alpha Condé et à procéder à sa libération rapide et sans conditions ». En attendant l’ancien président menace de faire une grève de la faim si ce n’est pas son fidèle cuisinier qui lui prépare des plats.
Reste désormais à savoir ce que feront les militaires au pouvoir. La Cedeao, qui se réunit virtuellement ce mercredi 8 août, va certainement demander à nouveau la libération d’Alpha Condé. Alassane Ouattara s’est entretenu avec les putschistes. Le président ivoirien a réitéré la demande de la Cedeao, alors que Mamady Doumbouya assure que Condé est bien traité. Le putschiste a par ailleurs promis une libération prochaine d’Alpha Condé. Pour être jugé ? Ou trouvera-t-il une terre d’accueil, loin de la Guinée ?