Hier soir, la Cour constitutionnelle béninoise a approuvé les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 11 avril. La réélection de Talon a sonné le glas pour Joël Aïvo, un opposant dont la candidature avait été recalée.
Après que sa candidature à la présidentielle a été rejetée par la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA), l’opposant béninois Joël Aïvo, alias « Le professeur », a été appréhendé par les autorités. Cette interpellation intervient quelques minutes après la confirmation des résultats provisoires de l’élection par la Cour constitutionnelle. Patrice Talon effectuera donc un second mandat, sans grande surprise. Depuis la fin du scrutin, le président béninois avait annoncé qu’il traquerait les responsables des violences constatées lors des manifestations de l’opposition des derniers jours.
Ainsi donc, Patrice Talon a décidé de rendre caduque la scène politique en jetant ses opposants un par un derrière les barreaux. Tout comme Reckya Madougou, Joseph Tamegnon et Alexandre Hountondji, Joël Aïvo pourrait bien être le prochain à finir dans une prison béninoise.
Talon rafle tout… et tous
Patrice Talon a remporté l’élection avec 86,3 % des votes lors du scrutin de dimanche dernier. Les dirigeants de l’opposition disent avoir boycotté le vote après que la répression du président a poussé la plupart d’entre eux à l’exil. Les plus tenaces ont été disqualifiés du scrutin. Les opposants exclus de l’élection présidentielle après les réformes de la loi électorale voulaient fuir le Bénin. Cependant, les manifestations populaires du 5 et du 6 avril leur ont valu la colère du président. Le magnat du coton, qui entame donc son deuxième mandat, les a menacés après le scrutin du dimanche. Talon a déclaré : « Ceux qui en ont été les auteurs ou les instigateurs des violences devront en répondre ».
Hier, peu après la décision de la Cour constitutionnelle de valider les résultats provisoires, Joël Aïvo a été arrêté. Dans un scénario très semblable à l’arrestation de Reckya Madougou, ses proches croyaient à un enlèvement. Les autorités n’ont fait aucune déclaration et le chauffeur, ainsi que le garde du corps d’Aïvo ont été relâchés plus tard.
Dans une publication sur sa page Facebook, Joël Aïvo avait dénoncé « la criminalisation de l’activité politique » ou encore « la vague d’arrestations qui emmène les opposants du président ». Avec une possibilité que n’importe quel opposant puisse faire appel à la décision de la Cour constitutionnelle pendant 5 jours, Talon semble vouloir assurer ses arrières. Quoiqu’il ne reste désormais personne pour tenter une telle folie.
Une autre membre de l’opposition béninoise n’a pas pu se présenter aux élections de dimanche. Reckya Madougou avait été arrêtée le mois dernier. Elle est détenue sur la base d’accusations à bases de possibles « actes terroristes ». Par la suite, deux personnes ont été tuées par balles lorsque des soldats ont ouvert le feu pour disperser une manifestation. Le gouvernement de Talon a déclaré que les forces de sécurité avaient réagi à des provocations et des menaces.
Autrefois salué pour son pluralisme et relative démocratie, le Bénin a petit à petit basculé dans l’autoritarisme. Entre des manifestants tués, des opposants emprisonnés, des juges et des intellectuels en fuite à l’étranger, l’image du pays ne cesse de s’enfoncer. Lors de son discours le jour de l’élection, Patrice Talon a répondu à ces accusations. « C’est une polémique qui amuse ceux qui l’entretiennent et qui, pour la nation, n’a pas beaucoup d’importance ».