La directrice des services informatiques de la Banque Centrale du Nigéria (CBN), Rakiya Mohammed, a annoncé que le pays lancera sa propre cryptomonnaie d’ici la fin de l’année.
Selon la presse nigériane, la CBN prendra acte de sa propre décision de bannir l’utilisation de certaines cryptomonnaies. Alors que la monnaie nationale, le naira, connait une chute sur le marché parallèle, et que le pays mène une guerre froide avec Twitter, la nouvelle a été bien accueillie par les internautes.
En effet, la CBN avait déclaré en avril que les institutions financières devraient fermer les comptes associés au trading de cryptomonnaies. Ensuite, les responsables de la banque ont clarifié que la directive ne devait pas être confondue avec une interdiction de leur usage. Cependant, il s’agissait uniquement d’une limite imposée aux institutions financières, qui profitent grandement du trading pour déplacer des devises hors du Nigéria.
L’annonce de Mme Mohammed semble donc mettre les choses plus au clair. Elle a déclaré : « Le plan de lancement d’une monnaie numérique consiste à ce que le Nigéria rejoigne la ligue d’autres nations comme la Chine ». Avant de rajouter : « Cela nous aidera à accentuer la stratégie d’inclusion financière, simplifiera les paiements et réduira les frais de transferts internationaux », a-t-elle annoncé.
Un coup de jus pour les finances, ou une étape vers l’émancipation financière du Nigéria ?
D’abord, une cryptomonnaie nationale au Nigéria réduira grandement le coût de gestion de la trésorerie. Les Nigérians ont l’habitude, depuis des années, d’effectuer leurs transactions via le téléphone. Or, il est difficile de traquer les transferts d’argent en ligne moyennant la structure financière actuelle.
Il faudrait aussi relever que le Nigéria est l’un des pays les plus visé par les cyberattaques en Afrique. Généralement, les applications de trading facilitent un accès massif des hackers aux appareils réseautés aux banques nigérianes. Donc, une application dont les données sont supervisées pas la CBN serait plus facile à protéger des attaques extérieures.
Rakiya Mohammed a d’ailleurs annoncé : « Le pilote sera lancé avant la fin de l’année. Nous annoncerons le programme en temps voulu ». L’annonce du « NigCoin » intervient à un moment fatidique. Non seulement le Nigéria fait face aux critiques des Occidentaux, sur fond d’une guerre de communication opposant le président Muhammadu Buhari au DG de Twitter, Jack Dorsey. Mais en plus, La réserve extérieure du Nigéria connaît une chute de 13 millions de dollars par jour en moyenne. Le rebond récent du cours des hydrocarbures n’a profité au Nigéria que très peu.
Donc, au niveau financier, l’Etat nigérian a opté pour une solution créative, qui résoudrait deux soucis en même temps. D’un côté, le NigCoin serait installé bien plus rapidement que le Libra de Facebook ou même le E-Dollar des Etats-Unis. D’un autre côté, lancer une cryptomonnaie nationale sera un énorme plébiscite de « l’émancipation nigériane ». Qui a commencé avec le ban de Twitter. Enfin, ce serait l’occasion pour Buhari de marquer un point. L’Etat prendrait en compte les complaintes des milliers de Nigérians qui dépendent du trading pour le commerce en ligne.
I thought that called it NIGCOIN before?
What brought about the name change?
— Silas OZOYA™ ¦¦ SUBA Capital✪ (@OzoyaSilas) June 10, 2021