Le président du Nigéria, Muhammadu Buhari, monte en puissance. Son parti, l’APC, rafle des sénateurs et des gouverneurs au parti historique PDP. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Au Nigéria, le Parti démocratique populaire (PDP), continue de perdre ses militants en faveur du parti du président Muhammadu Buhari. En effet, en l’espace de quelques jours, deux gouverneurs fédéraux du PDP et trois sénateurs ont rejoint le Congrès des progressistes (APC). Une nouvelle tendance politique de gauche serait-elle en train de s’installer au Nigéria ?
La première victoire électorale de Muhammadu Buhari en 2015 a été qualifiée de « moment historique ». Alors que Goodluck Jonathan reconnaissait sa défaite, le porte-parole de l’APC avait déclaré : « C’est la première alternance politique pacifique dans l’histoire du Nigéria ». Il faudrait dire que le Nigéria n’avait connu que les régimes libéraux durant son histoire politique récente. L’arrivée du premier président de gauche, Muhammadu Buhari, était donc observée avec beaucoup de vigilance.
Le premier mandat de Buhari a été difficile. Surtout à cause de la pression occidentale sur tous les fronts. Ainsi que la menace terroriste, qui sévit encore dans certaines régions du Nigéria. Toutefois, la politique de centralisation administrative et les initiatives de développement de Buhari ont imposé un contrepoids conséquent aux critiques.
Since the introduction of Buhari language to Nigeria society curriculum, there habe been relative peace within the country.
Bandits and insurgents are still receiving the dose on a daily basis.
Well done NIGERIA!!!!!
May Nigeria succeed.— Good Governance (@Koko91676040) July 2, 2021
Du bon et du moins bon, le courage comme remède
Le Nigéria a toujours été un pays « chaotique ». Sous les régimes libéraux de Jonathan, de Musa Yar’Adua, d’Obasanjo et des militaires qui les ont précédés, le morcellement du Nigéria n’a été qu’exacerbé. Aujourd’hui encore, malgré la défaite de plusieurs groupes armés sous Buhari, la sécurité du Nigéria laisse à désirer.
Néanmoins, à force de se concentrer sur les questions tribales et l’insécurité, les chefs d’Etat nigérians entre 1992 et 2015 ont perdu le cap. Une lacune qui pourrait être imputée à Buhari aussi. Si ce n’est que dans le cas du président actuel, un réel changement socio-économique a été observé. Les décisions de Buhari étaient extravagantes pour la classe politique et les médias. Il a aussi rencontré beaucoup de résistance de la part de l’opposition, des sécessionnistes et de la communauté internationale.
Ce n’est qu’après le revirement dans la communication de Buhari que les résultats de ses projets de développement ont été mis en valeur. Les réformes du secteur des hydrocarbures, les voies ferrées et l’électrification des régions du Nord ne sont que les derniers en date. Surtout, Buhari n’a pas lâché du lest devant la tyrannie des Big Tech. La population nigériane est jeune. L’avènement du digital est une réalité qu’il fallait adresser. Néanmoins, Buhari a simplement choisi de traiter la finance digitale, la défiance des GAFAM et surtout la dictature de Twitter comme il le fait bien quant aux soucis socio-économiques. Il a simplement centralisé et dirigé la décision politique, sans peur des conséquences.
Revirement politique sur fond d’efficacité socio-économique de Muhammadu Buhari
Ainsi donc, Muhammadu Buhari a défait sa plus grande lacune, la communication. Et on pourrait observer que ses rivaux politiques en prennent acte. Jeudi dernier, trois sénateurs et une dizaine de cadres du PDP ont rejoint l’APC de Buhari. Hier, quatre députés du PDP ont démissionné de leur bloc parlementaire, dont deux ont intégré celui de l’APC. Cerise sur le gâteau, le Gouverneur du Zamfara, Bello Matawalle, a rejoint le parti de Buhari, fin juin. Ce qui a probablement débloqué tout le processus. Cela va sans dire que c’est une défaite historique pour le PDP. L’ancien parti au pouvoir ralliait ses partisans depuis des mois. Le PDP préparait déjà les listes des élections régionales, de haute importance au Nigéria.
C’est aussi une surprise générale pour la presse internationale, qui pensait Buhari terrassé depuis des mois à cause de la crise sécuritaire. Or, les populations nigérianes constatent les efforts du gouvernement. La campagne de vaccination contre la Covid-19, même dans les Etats réclamant l’indépendance, a été organisée également par le gouvernement fédéral. L’offensive antiterroriste dans le Nord-Ouest a complètement libéré Zamfara, sous le joug de Boko Haram depuis deux décennies. L’arrestation ingénieuse du chef séparatiste Nnamdi Kanu a mis un coup dur à l’élan de la rébellion au Biafra.
Ensuite, la politique économique inclusive de Buhari semble convenir à la jeunesse nigériane. Malgré les critiques sur la liberté d’expression dans le pays, il est indéniable que l’inflation évolue vers une baisse nette. De 23% en 2016, l’inflation se situe actuellement à 8%, malgré la crise financière, la récession et le chômage dû à ces dernières. Surtout, Buhari a brillé par son plan d’aide pour les PME. Ce qui a poussé les investissements de l’Etat fédéral d’une absence complète sous Jonathan, à dépasser celui de sept gouvernements régionaux en 2021.