Samedi, lors d’une réunion du Groupe arabe à New York, Alger et Rabat se sont écharpés au moment de la rédaction d’un communiqué dénonçant l’agression des forces d’occupation israéliennes sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem.
Entre l’Algérie et le Maroc, les relations diplomatiques ne sont toujours pas au beau fixe. Dernier événement en date : un débat qui s’est déroulé lors d’une réunion du Groupe arabe à New York. La question de l’agression de la mosquée al-Aqsa y était le sujet principal. A Jérusalem, en plein mois de ramadan, la police israélienne a pénétré dans l’enceinte pour, selon elle, « faire sortir des manifestants ». Malgré la normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a dénoncé « l’agression flagrante » des « forces d’occupation israéliennes » sur l’esplanade des Mosquées. Un avis partagé par l’Algérie.
Mais samedi, au moment de rédiger un communiqué, le Groupe arabe a pu s’apercevoir des tensions qui règnent entre les deux pays nord-africains. L’agence de presse étatique marocaine Maghreb Arabe Presse (MAP) affirme que le représentant de l’Algérie s’est opposé au communiqué, rédigé par la délégation palestinienne, au motif que le texte « condamne l’agression israélienne dans la ville sainte et reconnaît le rôle important du Comité Al-Qods, présidé par SM le Roi Mohammed VI, pour défendre la ville Sainte et préserver son identité ».
Le Comité Al-Qods, aux abonnés absents ?
L’ambassadeur algérien aurait, affirme l’agence de presse marocaine, demandé que soit supprimée la référence au Comité Al-Qods et d’inclure la mention d’un soutien du président Abdelmadjid Tebboune à la cause palestinienne. Ce que l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a « vivement condamné », estimant qu’il s’agissait là d’une « énième manœuvre algérienne de s’attaquer au Maroc et à ses symboles ».
Du côté de la presse algérienne, on fustige plutôt l’attitude marocaine, mais également celle du Comité Al-Qods qui, selon Algérie Presse Service « ne s’est réuni qu’à deux reprises seulement au cours des vingt dernières années ». L’agence de presse algérienne demande que le fameux comité « assume pleinement la responsabilité qui lui a été confiée, à savoir la défense des lieux saints à Al-Qods Al-Sharif ».
En réalité, donc, l’Algérie reproche surtout au Comité Al-Qods de se mettre en avant malgré une inaction flagrante. La diplomatie algérienne n’a d’ailleurs pas visé uniquement le Maroc, mais également l’Egypte qui voulait publier un passage sur le soutien du président Abdel Fattah Al Sissi à la cause palestinienne.
L’Algérie dénonce le « silence » de Mohammed VI
Pour le représentant marocain à l’ONU, l’Egypte « a réellement une contribution importante à la question palestinienne ». Et le diplomate d’affirmer que « l’Algérie n’a aucune contribution, contrairement à SM le Roi Mohammed VI et à SM le Roi Abdullah de Jordanie, dans le cadre de la tutelle hachémite sur les sites saints islamiques et chrétiens à Jérusalem ».
Au-delà de la brouille diplomatique sur la question du communiqué, c’est plus généralement la présidence du Comité Al-Qods qui fait débat. En décembre dernier, après la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, Alger avait demandé que le roi Mohammed VI ne préside plus l’organisation. Le président Tebboune avait alors offert un chèque de 100 millions de dollars à l’Autorité palestinienne.
De son côté, le roi du Maroc est fustigé pour son absence de prise de parole après les événements qui se sont déroulés à Jérusalem. « Le monde musulman est choqué par le silence assourdissant du président ‘virtuel’ du comité Al-Qods, instance censée veiller et protéger les lieux saints musulmans de la ville », affirme un ancien ambassadeur d’Algérie au journal algérien TSA.
Si le roi du Maroc n’a pas pris la parole après l’incursion des forces armées dans la mosquée al-Aqsa, le ministère marocain des Affaires étrangères a rapidement dénoncé une « provocation méthodique durant le mois du ramadan contre le caractère sacré de la mosquée al-Aqsa et sa place dans le cœur de la Oumma islamique ».